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Cocorico !
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 1 décembre 2023 10:44
- Écrit par Claude Séné
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« Savez-vous pourquoi les Français ont pris le coq pour emblème ? C’est parce que c’est le seul oiseau qui arrive à chanter les pieds dans la merde » disait Coluche, à la grande satisfaction de nos amis et néanmoins voisins belges, lassés d’être la cible systématique des fameuses « histoires » avant que les blondes prennent enfin le relai. Bruno Lemaire aurait peut-être dû méditer sur cette formule avant de venir parader à la radio nationale avec des déclarations triomphalistes et totalement déplacées sur la mise à mort de l’inflation en France, battue à plates coutures par l’action volontariste du ministre, si on l’en croit.
Pour se réjouir, encore faut-il qu’il y ait une certaine réalité dans les annonces de Bruno Lemaire. Est-ce que l’inflation a disparu ? À l’évidence, non. A-t-elle seulement diminué ? Ça dépend. Il suffit de faire les courses au moins une fois dans sa vie, un exercice salutaire auquel devrait s’astreindre un ministre de l’Économie et des Finances digne de ce nom, pour se rendre compte que la vie est chère, surtout si l’on a la prétention de se procurer des denrées alimentaires, et qui plus est, soyons fous, des fruits et des légumes. Pour décréter la fin de l’inflation, le ministre se base sur un chiffre : nous sommes passés de 4 % de moyenne annuelle en octobre, à 3,4 % en novembre, soit un ralentissement très modéré en un mois, mais relatif, puisque les prix ont continué à augmenter, et que tous les économistes s’accordent sur le fait qu’ils ne reviendront jamais au niveau d’avant la crise du covid. Comme nous disions autrefois, « plus tu pédales moins vite, et moins tu pédales plus vite ». Pour couronner sa démonstration, mon gars Bruno nous fait même cadeau de la clé du succès. Si nous avons si bien réussi, c’est parce que nous n’avons pas cédé à la tentation de relever les salaires.
Ah ! je me disais bien aussi qu’il devait y avoir une entourloupe quelque part et que quelqu’un devait payer la note. Pas les smicards, évidemment, pour deux raisons. La première c’est que la loi indexe le salaire minimum sur le taux d’inflation, et que de toute façon, il n’y a pas grand-chose à gratter. Pas les ultrariches non plus, c’est dans l’ADN présidentiel. Il reste donc les classes moyennes, à qui l’on a promis des baisses d’impôts, mais qui voient surtout des hausses de taxes. Je terminerai par une petite fable. C’est un oiseau dans la toundra qui est presque mort de froid, quand un renne lâche une bouse bien chaude sur lui. L’oiseau se réchauffe, et joyeux, se met à chanter jusqu’à ce qu’un loup, passant par là, le repère et le croque tout cru. Moralité : quand on est dans la merde, il vaut mieux s’écraser.