Un scandale peut en cacher un autre
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 5 février 2025 11:18
- Écrit par Claude Séné
Depuis 1972, le scandale de l’espionnage de la convention démocrate du Watergate à Washington par de mystérieux cambrioleurs pour le compte du président Nixon est devenu emblématique de ces affaires d’état où des personnalités politiques sont impliquées. Au point que le suffixe « gate » a pu être accolé à toute affaire suspecte pour suggérer une similitude réelle ou supposée. Cette fois-ci, c’est le préfixe « water » qui pourrait bien révéler une affaire qui touche effectivement le groupe Nestlé dans son département d’eaux minérales naturelles et qui concerne des marques prestigieuses, telles que Perrier, Vittel, Contrex ou Hépar, par exemple.
À l’origine, tout allait bien. Le groupe Nestlé avait la bonne réputation de mettre en bouteille des eaux prélevées dans les nappes sans avoir recours au moindre traitement qui aurait été le signe d’une altération des qualités des sources utilisées. Au point d’avoir rappelé en 1990 toutes les bouteilles de Perrier en circulation dans le monde entier parce qu’une pollution souterraine au benzène les avait rendues suspectes. L’opération avait coûté très cher à la marque et au groupe, et elle a laissé des traces. Perrier frôle alors la faillite et se fait racheter par Nestlé. Mais plus question de diminuer les profits et les dividendes servis aux actionnaires. Il est établi que devant des risques de pollution aux matières fécales, Nestlé préfère traiter les eaux bien que ce soit interdit pour conserver l’appellation d’eau minérale naturelle, qui lui permet de vendre l’eau en bouteille 700 fois plus cher que l’eau du robinet.
Il y a donc tromperie sur les qualités intrinsèques du produit, et même risque sanitaire selon certaines analyses de laboratoires indépendants. Et c’est à partir de là que débute l’affaire dans l’affaire. Des personnalités semblent avoir été mises sous pression par un lobbying intense à différentes étapes du processus, ce qui est déjà, en soi, un problème. Les influenceurs ont désormais pignon sur rue, ils peuvent exercer leur fonction en toute légalité, en déclarant officiellement leurs actions, mais ils continuent apparemment à mener aussi des campagnes souterraines, dont on ignore si elles ne peuvent pas déboucher sur des pactes de corruption. Des ministres sont impliqués à des degrés divers, et jusqu’au secrétaire général de l’Élysée qui aurait été informé de pratiques douteuses de l’industriel. Celui que le président considère comme son frère aurait été au courant et le président lui-même prétend tout ignorer de cette affaire. Ce qui, si c’est vrai, est hautement préoccupant. L’histoire traîne depuis 2022 et agit comme un poison lent. De petites causes accumulées ont fini par contraindre Richard Nixon à démissionner, pas sûr qu’Emmanuel Macron, déjà très impopulaire, ne finisse pas par prendre le même chemin, à cause d’un « Nestlé-gate ».