Le théâtre des opérations

Jamais, peut-être, la métaphore n’aura autant justifié cette image, qui permet de jeter un voile pudique sur la dure réalité de la guerre, de ne pas l’appeler par son nom, ni d’évoquer le cadre des combats, celui du champ de bataille. Car c’est un véritable théâtre, pouvant encore accueillir des représentations en temps de paix, qui a été pris pour cible à Marioupol par l’artillerie et les tirs de missiles russes. Un édifice reconverti par les habitants en abri antiaérien pour sa partie enterrée, et en hébergement de fortune pour des familles chassées de leur domicile par les obus ennemis.

La résilience à toutes les sauces

S’il n’est pas l’inventeur du mot, que l’on pourrait croire être un néologisme forgé de toutes pièces pour les besoins de la cause, Boris Cyrulnik, célèbre neuropsychiatre qui fait autorité sur la question, est celui qui a popularisé le concept de résilience. Je m’attendais donc, en l’entendant interviewer ce matin sur France Inter, à ce qu’il se montre critique sur l’utilisation de ce terme pour désigner un vulgaire train de mesures économiques, assez proche de l’esprit du « quoi qu’il en coûte » affublé d’un titre ronflant : « plan de résilience économique et sociale ».

Roulette russe

Vous en connaissez tous le principe. Il s’agit d’un jeu de hasard où un ou plusieurs joueurs vident le barillet d’un révolver à six coups, en n’y laissant qu’une seule balle, puis font tourner le magasin à l’aveugle avant d’appuyer sur la détente de l’arme pointée sur sa propre tempe. Il a alors 5 chances sur 6 de tomber sur une chambre vide et d’avoir la vie sauve. Il paraît que cela procure des émotions à nulles autres pareilles. Wladimir Poutine a inventé une variante de ce qu’il faut bien appeler un jeu de cons, et il est en train de l’utiliser en Ukraine.

En attendant le dégel

Rien de tel qu’une période électorale pour débloquer des situations gelées depuis longtemps. Par exemple, on a appris avec intérêt que le point d’indice de la rémunération des fonctionnaires allait enfin être augmenté pour tenir compte de l’inflation qui pourrait atteindre entre 3,7 % et 4,4 % en 2022, voire davantage à cause des conséquences de la guerre en Ukraine. Cela fait cinq ans que le gouvernement actuel se refuse à toute mesure globale, et les gouvernements précédents n’avaient pas fait grand-chose non plus. Il y avait pourtant, parait-il, une ministre de la Transformation et de la Fonction publique, dont c’était l’occupation principale.