Indifférence
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 29 septembre 2024 11:20
- Écrit par L'invitée du dimanche
C’est l’état d’une personne qui n’éprouve ni douleur, ni crainte, ni désir, ne montre aucun signe de préférence, et pour qui les événements ne suscitent aucun sentiment particulier.
Au Moyen Âge on y voyait le signe d’une mélancolie morbide, de nos jours l’indifférence peut passer pour un signe d’un malaise existentiel, d’une anomalie, qui se manifeste par la froideur et un désintérêt qui inhibe l’échange social, affaiblissant le sens moral.
Il y a deux attitudes d’indifférence. La première consiste en une neutralité de jugement: on est « sans opinion », souvent causée par une hyper médiatisation de la vie sociale qui émousse des jugements de valeur. La seconde à un caractère affectif, on se montre insensible, sans cœur, au drame et aux souffrances d’autrui, entraînant l’inaction, c’est la conséquence d’une société de consommation qui encourage un repli sur soi, un souci de son seul bien-être, une passivité molle dans une époque de l’hyper individualisme.
L’indifférence devant la responsabilité conduit fréquemment à l’inaction et au silence, ce qui favorise la réalisation du mal. La passivité des témoins est une aubaine pour les malfaiteurs, l’homme indifférent est accusé de lâcheté et de complicité. C’est une fuite devant la responsabilité et la liberté, il ne suffit pas de ne rien faire pour être innocent.
Les gradins des amphithéâtres romains ont laissé la place à la télévision. On y voit défiler les atrocités, les catastrophes, les guerres, les crimes, et la société se rassure par de grandes indignations collectives, des sursauts humanitaires, des manifs de solidarité. On a troqué l’intellectuel pour une entraide tapageuse. Il n’est pas sûr que l’image du malheur dissolve l’indifférence du cœur.
La lutte contre l’indifférence passe par la rhétorique de la solidarité, par un engagement moral d’un devoir de soutien ou d’ingérence, mais les actuels défenseurs de la solidarité humaine se contentent souvent de mots ou de mots d’ordre, il est facile d’invoquer la dignité de l’humanité lorsque la situation est lointaine, à l’abri de nos petites lâchetés.
Quand les spectateurs ont fini de se complaire dans leurs larmes, retrouvant leur égoïsme, nombreux sont ceux qui expriment une indifférence citoyenne pour la vie politique, 10 % seulement de la population est politisée et 50 à 70 % est indifférente aux activités politiques perçues comme une activité intellectuelle complexe, faite de codes impossibles à déchiffrer qui tiennent à distance les profanes. Les catégories sociales peu dotées en capital culturel s’auto-excluent du jeu politique. Les régimes démocratiques ne donnent pas les moyens pour que tous les citoyens soient compétents, il en résulte une démobilisation et une défiance pour les politiques suspectés de les manipuler …
La place est ouverte au populisme, et à toute autre forme de régime autoritaire, une partie des citoyens aspire à plus d’autoritarisme (10 millions ont voté RN)
Heureusement, on voit émerger de nouveaux modèles d’engagement, pour une démocratie participative par exemple qui progresse, au moins au niveau local (même si elle reste toujours sous le contrôle des élus) le vote symbolique et rituel s’affaiblit au profit d’une autre forme d’intérêt citoyen.
La manif pour tous, les gilets jaunes, la nuit debout, me too... sachons trouver les voies pour construire une démocratie qui intéresse tous les citoyens ,chassant cette indifférence antisociale, « première forme de malignité de l’homme » (Kant) et « qui passe par le plus bas degré de la liberté » (Descartes)
L'invitée du dimanche