Le retour du refoulé

Comme beaucoup de Français, je me suis couché avec l’espoir que la raison l’emporterait aux États-Unis et que les communautés opprimées choisiraient la représentante la plus proche de leurs intérêts, les femmes, notamment, ainsi que les minorités noires ou hispaniques. Et ce matin, j’ai appris que le vote était pratiquement plié avec une large avance de Donald Trump, qui va probablement rafler la mise sur tous les tableaux, avec la Maison-Blanche évidemment, mais aussi la majorité au Sénat, en plus de la chambre des Représentants. Il aura ainsi la totalité des pouvoirs puisque la Cour Suprême continuera de lui être acquise.

Accessoirement, Donald Trump va également gagner beaucoup de temps grâce à ce nouveau mandat dans le processus de justice et les procédures qui le visent. Qui se souciera des résultats judiciaires dans 4 ans, au moment où il sera redevenu un citoyen ordinaire aux yeux de la loi ? Même s’il est encore loin d’être au-dessus de tout soupçon. Ne revenons pas pour le moment sur les conséquences potentiellement catastrophiques de ce retour de Donald Trump aux affaires. Nous n’aurons que trop le temps de les mesurer. Une chose semble sûre, c’est que le président Trump mettra les menaces du candidat Donald à exécution, d’autant plus qu’il n’est confronté à aucun contre-pouvoir et qu’il dispose de tout l’appareil de l’état. Il n’aura donc pas besoin de rééditer la tentative ratée de coup d’État quand ses partisans, chauffés à blanc, avaient presque réussi à prendre le Capitole en janvier 2021. S’il y a un point positif dans ce résultat net de l’élection remportée par le candidat des Républicains, c’est bien d’éviter un affrontement violent entre ces deux faces de l’Amérique.

Tout porte à croire que Donald Trump n’aurait jamais reconnu sa défaite s’il avait de nouveau été battu à la présidentielle. Il a fait savoir qu’il regrettait d’avoir quitté la Maison-Blanche alors qu’il clamait avoir été « volé » de sa victoire. C’est même ce qui m’a fait croire qu’il avait des informations selon lesquelles il était battu en Pennsylvanie et par voie de conséquence sur l’élection dans son ensemble, quand il relayait les rumeurs de fraudes et de manipulation des résultats. Des rumeurs dont il se garde bien de faire état désormais. Les dirigeants des états étrangers prennent acte des résultats les uns après les autres. Trump lui-même a prononcé son discours où il revendique la victoire et Kamala Harris ne devrait pas tarder à reconnaître sa défaite. Après avoir été battu et refoulé du pouvoir, Donald Trump fait son grand retour. Désormais, il a les coudées franches, d’autant plus qu’il remporterait aussi le vote populaire. Il se prépare donc selon ses propres dires à n’être un dictateur que le premier jour de son nouveau mandat, mais cela suffit à faire beaucoup de dégâts.