Le jour d’après

Jusqu’à la veille de l’élection américaine, les instituts de sondage et les analystes les plus divers nous annonçaient un résultat serré. Les deux candidats étaient mesurés au coude-à-coude, avec un léger avantage dans les derniers jours pour la candidate démocrate. Mais personne n’avait vu arriver la vague rouge républicaine en faveur de Donald Trump qui lui a permis de remporter une victoire nette, qui s’est dessinée très tôt dans la soirée pour ne jamais se démentir jusqu’à la barre fatidique des 270 grands électeurs. Dès le résultat acquis, les mêmes qui n’avaient rien vu venir se bousculaient sur les plateaux de télévision pour expliquer les raisons de ce succès de Trump.

Ils soulignaient pour la plupart le handicap de Kamala Harris qui a dû remplacer au pied levé le président sortant et n’avait donc pas pu bénéficier d’un temps d’exposition médiatique comparable à celui de son concurrent, en campagne depuis la dernière élection. L’argument se tient, mais ils n’en avaient pas tiré de conclusion jusqu’ici, démontrant une fois de plus que la prédiction est difficile, surtout en ce qui concerne l’avenir. Certains ont avancé que c’était surtout Trump qui avait gagné, grâce à ses talents de bateleur, contre une candidate moins connue, moins identifiée, moins charismatique. J’ai même entendu soutenir que les électeurs de Trump étaient pour la plupart conscients des énormités sorties par leur candidat, mais les considéraient comme du second degré, traduisant avec exagération un sentiment réel. L’exemple parfait étant l’affirmation selon laquelle les immigrés mangeaient les animaux de compagnie pour se nourrir.

Je laisserai aux spécialistes le soin de tirer les enseignements nécessaires de cette élection, pour examiner les conséquences du choix effectué par les seuls électeurs américains, mais qui concerneront l’ensemble de la planète. Nous savons de quoi est capable Donald Trump puisqu’il a déjà eu l’occasion de démontrer ses « talents » si particuliers, et qu’il n’a pas fait mystère de ses intentions s’il était à nouveau au pouvoir. Les premiers à subir les conséquences seraient évidemment les Ukrainiens, s’ils devaient se plier à une paix américaine négociée avec l’envahisseur russe au prix de concessions territoriales exorbitantes. L’Union européenne devrait aussi se préparer à l’éventualité d’une augmentation significative de ses budgets de défense en prévision d’une extension possible du conflit et pour se passer si nécessaire du seul « parapluie » américain. À Taïwan aussi l’avenir serait incertain par rapport à la Chine continentale avec un président Trump, surtout préoccupé par la rivalité économique, son principal cheval de bataille. N’oublions pas non plus les aspects environnementaux. Donald Trump s’était retiré des engagements pris à la COP de Paris pour limiter le réchauffement climatique en abaissant les rejets de gaz néfastes. Il pourrait faire pire encore en développant à outrance l’exploitation du gaz sur le sol américain. J’en oublie sûrement, mais à chaque jour suffit sa peine.