
Victoire d’étape
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 8 août 2025 10:46
- Écrit par Claude Séné

La décision du Conseil constitutionnel de censurer l’article 2 de la loi Duplomb qui permettait l’autorisation de l’acétamipride dans le traitement de certaines productions agricoles, et cet article seulement, a été saluée par les parties en présence comme une victoire, mais une victoire partielle. Compte tenu de leurs positions totalement antagonistes, elles auraient tout aussi bien pu se désoler d’une défaite tout aussi provisoire. Chacun se réserve d’ailleurs le droit, et même le devoir, de poursuivre le combat sous toutes ses formes possibles. Les opposants au projet avaient réclamé un réexamen de la loi pour tenir compte du succès de la pétition en ligne sur le site de l’Assemblée nationale, signée par plus de 2,1 millions de citoyens. Il suffisait pour cela d’une décision du Président de la République.
Au lieu de quoi, Emmanuel Macron s’est empressé de déclarer qu’il promulguerait la loi dans les plus brefs délais, indiquant par là son embarras et son souhait de tourner la page le plus vite possible, pour faire oublier un processus antidémocratique peu glorieux. Cette loi, qui contient différentes dispositions dictées par le syndicat agricole productiviste auquel appartient le sénateur à l’origine du texte, a été adoptée sans débats à la suite d’un détournement de l’esprit du fonctionnement parlementaire. Pour éviter de se prononcer sur les nombreux amendements déposés par la gauche, les promoteurs du texte ont en effet eu recours à une procédure dévoyée de son usage en faisant adopter une motion de rejet de leur propre loi. Un vote plus tard, et grâce au soutien du Rassemblement national, la loi était adoptée à la virgule près. Par malchance pour les tripatouilleurs, la pétition populaire a recueilli tant de suffrages que le fossé entre les peuples et la représentation nationale amène à revoir tout le processus supposé démocratique.
J’ai bien entendu des insinuations selon lesquelles le succès populaire de la pétition ne serait pas spontané et qu’il fallait y voir une sorte de complot de la gauche qui aurait orchestré le mouvement. Si c’était le cas, ce serait le signe que cette gauche apparemment moribonde au plan des états-majors peut encore mobiliser quand la situation le demande, mais je n’y crois guère. Quoi qu’il en soit, si le président de la République est favorable à une consultation directe des citoyens sur des sujets importants, il tient là une opportunité de donner la parole au peuple en organisant un référendum sur cette question, comme le réclament les écologistes. Si c’était le cas, il serait obligé de laisser la liberté de vote et d’expression aux membres de son gouvernement et aux formations qui font partie de la coalition de fait sur laquelle il s’appuie, tant les positions des uns et des autres sont contradictoires, sur ce sujet comme sur tant d’autres.