Une heureuse libération
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 15 novembre 2025 10:59
- Écrit par Claude Séné
La place nous a manqué pour faire état de la libération de l’écrivain franco-algérien, Boualem Sensal, après la grâce présidentielle dont il a bénéficié cette semaine, en raison d’un état de santé précaire. Cette grâce, tout à fait légitime, a été obtenue à la demande du président allemand, qui a joué les intermédiaires dans un dossier plombé par les relations franco-algériennes, difficiles depuis longtemps, et récemment encore plus dégradées par diverses initiatives de l’exécutif français. Le dernier remaniement ministériel a acté le départ de Bruno Retailleau, un des responsables de la détérioration aggravée des relations, qui prônait ouvertement l’utilisation de la « manière forte » pour obliger les dirigeants algériens à reprendre leurs ressortissants expulsés de France.
Son successeur, Laurent Nuñez, ancien préfet de police de Paris, a un profil beaucoup plus technique, et serait plus acceptable comme interlocuteur par les autorités algériennes. Il faut dire que nous partons de loin, que la colonisation a laissé des traces et explique en grande partie la difficulté de trouver des compromis acceptables de part et d’autre. La récente adoption par les députés d’une motion du Rassemblement national visant à abroger un accord de 1968 facilitant l’immigration des ressortissants algériens n’a rien fait pour calmer le jeu. L’histoire de l’Algérie et celle de la France sont étroitement imbriquées, comme le rappelait aujourd’hui encore sur France Inter Benjamin Stora, qui fait autorité en la matière, soulignant que l’on ne pouvait pas effacer ce passé et qu’il faudra du temps pour pouvoir dépasser les antagonismes nés de notre histoire commune.
Révérence gardée pour l’historien, j’ai été frappé par une absence de taille dans son analyse. À aucun moment, Benjamin Stora n’a abordé, même allusivement, la question de la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, revendiqué également par l’Algérie. Cette question est pourtant centrale et la décision en incombe uniquement au Président de la République française, Emmanuel Macron, en l’occurrence. Je ne suis pas dans le secret des Dieux et je ne gravite pas dans les hautes sphères du pouvoir, mais il me semble que la France, en prenant fait et cause pour une autre ancienne colonie du Maghreb, ne contribue pas à l’amélioration des relations internationales, pas plus qu’aux relations bilatérales, pour des bénéfices hypothétiques dont nous ignorons tout. Cette pomme de discorde risque d’empoisonner nos futurs dialogues avec le Président Tebboune, alors que nous aurions tout intérêt à les renouer. Il reste encore un ressortissant français, condamné à 7 ans ferme, retenu prisonnier sans motif réellement valable, qui attend son procès en appel. Il s’agit de Christophe Gleizes, simple journaliste sportif accusé d’espionnage et d’apologie du terrorisme pour un reportage anodin sur un club de football dont le seul tort semble d’être kabyle et de déplaire au pouvoir algérien.
