Coup de Menton

Peut-être en raison de sa petite taille, le père de Louis Sarkozy, lorsqu’il était au cœur de la vie politique, avait l’habitude de se redresser au maximum pour souligner ses propos par des coups de menton, mettant son attitude physique au service de ses déclarations les plus martiales. On sait que l’ancien chef de l’état a mal vécu son incarcération de 20 jours, pendant lesquels il a eu tout loisir de méditer sur la dureté de la condition pénitentiaire, dont il minimisait probablement les effets, qui ne se résument pas à une « simple » privation de liberté, ce qui est déjà beaucoup, même s’il a été soumis à un régime dérogatoire de protection rapprochée.

Tout en participant activement aux démarches destinées à obtenir une mise en liberté de son père dans l’attente du procès en appel qui se tiendra prochainement, Louis Sarkozy était ces jours derniers en précampagne électorale en vue de devenir maire de la ville de Menton. C’est dans ce cadre qu’il a participé au loto caritatif du Lions club samedi dernier, ce qui lui a permis de réaliser un joli coup publicitaire. On ne sait pas si le fait d’être heureux au jeu aura quelque incidence sur ses chances d’être élu en politique, mais toujours est-il que le candidat a remporté le deuxième plus gros lot de ce loto sur les 850 participants. Un joli coup dont il a immédiatement compris qu’il pouvait tirer parti. Il a aussitôt annoncé qu’il renonçait au scooter tout neuf qu’il venait de gagner, au profit d’un autre participant, en remettant son lot en jeu. J’ignore la valeur marchande du deux-roues gagné par le fils du président, mais elle est sans commune mesure avec la valeur symbolique de son geste ostensiblement désintéressé. Il devrait d’ailleurs faire figurer ce don dans ses comptes de campagne, pour être tout à fait honnête.

La partie est-elle déjà gagnée pour autant ? Rien n’est moins sûr. Si la commune de Menton est acquise à la droite depuis fort longtemps, la concurrence sera rude à l’intérieur de cette grande famille. Le maire sortant ne se représente pas, mais Louis Sarkozy sera confronté à 3 listes d’une sensibilité similaire, sans compter une liste de gauche constituée probablement autour d’un pôle « participatif, progressiste et écologiste ». Mais sa rivale la plus sérieuse pourrait bien être la députée du Rassemblement national, réélue dès le premier tour avec plus de 55 % des voix. Bien que la permanence de Louis Sarkozy soit toute proche de la mairie, il ne lui suffira pas de traverser la rue pour trouver un nouveau travail, comme disait l’actuel président. Il va devoir convaincre, au-delà du Lions club, qu’il est l’homme de la situation. Son propre fils est encore trop jeune pour l’encourager, comme il l’avait fait vis-à-vis de son père d’un : « bonne chance, mon papa ! »