L’épineux problème des sortants
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 14 novembre 2025 11:03
- Écrit par Claude Séné
Dix ans après les attentats du 13 novembre, c’était hier l’occasion de se remémorer un passé à la fois proche et lointain, et de s’interroger sur le degré actuel de menace terroriste, sachant que la plupart des radicalisés sortent ou sortiront de prison dans les années qui viennent après avoir purgé leur peine, à l’exception notable du seul terroriste membre du commando ayant survécu aux évènements, Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité « réelle », c’est-à-dire assortie d’une peine de sureté incompressible. Une des missions de l’incarcération étant d’éviter autant que faire se peut la récidive, on peut s’interroger sur les tentatives de déradicalisation des personnes en question.
Selon un juge antiterroriste, nous ne comprenons pas exactement la mentalité d’un terroriste dans la mesure où son idéologie nous est foncièrement étrangère, et la réciproque est probablement vraie. La vertu pédagogique du régime pénitentiaire est proche de zéro, et le regroupement des détenus dangereux ne fait qu’aggraver les choses. Les exemples de radicalisation en prison ne sont pas rares et l’incident de l’introduction en détention d’une clé USB contenant de la propagande djihadiste par l’ex-compagne de Salah Abdeslam, qu’il a pu visionner, démontre la porosité des établissements, y compris les toutes nouvelles prisons supposées ultrasécurisées. Par ailleurs, cette ex-compagne est fortement soupçonnée d’avoir projeté un nouvel attentat en compagnie de deux autres suspectes, mise en examen et placée en détention provisoire. Ce qui démontre, s’il en était besoin, que la menace terroriste est toujours présente et qu’il ne faut pas baisser la garde.
Et c’est dans ce contexte que nous apprenons la demande de Salah Abdeslam de participer à un programme de justice restaurative, dans lequel il rencontrerait des victimes des attentats dont il a été un des auteurs principaux. Ce type de démarche a été expérimentée notamment dans le cas de délits routiers et elle a donné des résultats intéressants dans ce cadre. La première condition pour envisager de telles rencontres, c’est que l’auteur des faits reconnaisse sa responsabilité et manifeste clairement des regrets, si ce n’est des remords pour ses actes. Or, Salah Abdeslam n’a jamais exprimé la moindre émotion pendant son procès et son intérêt aussi récent que surprenant pour les victimes ne semble pas véritablement sincère. Il est permis de penser qu’il s’agit d’une tentative visant à introduire un coin dans le principe même d’incompressibilité de la peine, tout en manifestant une feinte compassion pour ses victimes. Salah Abdeslam ne s’est pas fait exploser comme les autres membres du commando, parce que la ceinture d’explosifs n’aurait pas fonctionné, ou parce qu’il n’en aurait pas eu le courage. Il pourrait être en train de fuir une nouvelle fois ses responsabilités et tenter d’échapper au châtiment de ses crimes. Si des victimes acceptaient de le rencontrer, leurs chances d’être soulagées en quoi que ce soit sont très minces.
