
Lapsus révélateurs
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 6 août 2025 11:13
- Écrit par Claude Séné

Tout le monde en commet. Les lapsus, par lesquels nous mettons un mot pour un autre, au risque de dire exactement le contraire de ce que l’on voulait exprimer, sont monnaie courante. Depuis Sigmund Freud et la vulgarisation de la théorie psychanalytique, on a tendance, moi le premier, à chercher le sens caché de l’erreur pour débusquer une révélation qui se produirait « à l’insu de son plein gré », selon la célèbre formule attribuée à Richard Virenque. J’ai été frappé par une confusion étonnamment fréquente de la part de journalistes ou d’experts invités sur les plateaux de télévision dans des émissions d’information continue.
Après une description détaillée d’un comportement attribué à Donald Trump, tout le monde, sauf le locuteur, se rendait compte qu’il parlait en réalité de Vladimir Poutine. La réciproque étant d’ailleurs fréquemment vérifiée, comme si ces deux personnages étaient interchangeables. De là à penser qu’il s’agit de l’opinion réelle de la personne, qui dirait sa vérité sans en avoir l’intention, ni même conscience, il n’y a qu’un pas. Malgré des différences apparentes et très visibles, les deux chefs d’état partagent une vision manichéenne du monde, où chacun représente une des figures du même pouvoir personnel et absolu. Si Vladimir Poutine manifeste peu ou pas d’émotions, y compris en menant une politique répressive évidente sur le plan intérieur tout en poursuivant une guerre d’agression vis-à-vis de ses voisins, Donald Trump n’est pas moins violent dans la poursuite de ses intérêts et l’imposition brutale de ses vues à sa propre opinion publique. Cette confusion apparemment accidentelle traduit bien une réalité cachée, qui me rappelle un slogan en forme de consigne de vote qui avait été lancé par le Parti communiste français en 1969 lors des élections présidentielles, pour récuser à la fois Georges Pompidou et Alain Poher, tous deux de droite, et qualifiés de « bonnet blanc et blanc bonnet ».
Moins célèbre et plus proche de nous, cette brave dame répondant à un micro-trottoir, qui déclarait : « il n’y a pas de pays moins raciste que la France, voyons » sans s’apercevoir qu’elle disait le contraire de ce qu’elle croyait exprimer. Peut-être s’agissait-il de son opinion réelle qui transparaissait dans ce lapsus. La liste des lapsus prononcés par des célébrités serait trop longue et devrait respecter un certain équilibre, mais je ne résiste pas à l’envie de citer quelques-uns de ces lapsus célèbres pour clore ce billet. Ainsi François Fillon en 2011 qui confond gaz de chit et gaz de schiste, ou Brice Hortefeux en 2010 qui parle d’empreintes génitales au lieu de génétiques, ou encore Muriel Pénicaud en 2019 qui défendait sa réforme des allocations chômage en se disant « contre le chômage et pour la précarité ». Je passerai aussi sur les fréquents dérapages à caractère sexuel souvent émis par des politiques, comme Rachida Dati, confondant inflation et fellation par exemple.