Retour vers le passé
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 8 novembre 2024 10:50
- Écrit par Claude Séné
Attends, chroniqueur pas très matutinal aujourd’hui, tu veux sûrement dire « retour vers le futur » comme dans le film éponyme de Robert Zemekis sorti en 1985 avec notamment Mickael J.Fox ? Non, je maintiens que cette chronique prend ses racines dans un passé désormais révolu, celui de mon adolescence dans la bonne ville de Brest. À l’époque, il n’existait pas de club de foot professionnel, mais deux clubs amateurs de bon niveau, qui se faisaient d’autant plus concurrence qu’ils représentaient fidèlement les clivages liés à la guerre scolaire qui faisait rage à cette période. Le premier, au moins dans mon cœur, était l’héritier des patronages laïcs, l’ASB, association sportive brestoise.
Mon prof de maths, fervent supporter, menaçait fictivement de coller un zéro assorti d’une retenue à tous les élèves qui ne se rendraient pas à Menez Paul assister au match de son équipe favorite, surtout s’ils préféraient suivre le rival, le Stade Brestois, au stade de l’Armoricaine. Ce club était réputé soutenir le clergé et la bourgeoisie locale. Les années ont passé avec des fortunes diverses pour les deux clubs. L’ASB a réussi au moins une fois à remporter le titre de Champion de France amateur, mais au moment de choisir la structure supportant la professionnalisation, c’est le Stade Brestois qui avait les faveurs de la municipalité de l’époque, et c’est toujours lui qui gère le club, avec un certain succès, il faut le reconnaitre. L’équipe, après une bonne saison, enchaîne les victoires en coupe d’Europe, mais j’ai toujours un peu de mal à supporter une formation qui reste pour moi représentative d’une confession excluant de fait une partie de la population. Sans oublier la vieille tradition familiale de « bouffeur de curés ».
Avec le temps, les structures du club sont en train de se révéler inadaptées. Le stade Francis Le Blé est entouré d’immeubles dont les occupants peuvent suivre le match sans se déplacer. Il n’est pas non plus aux normes européennes, ce qui amène le club à recevoir ses adversaires « à domicile » dans le stade de Guingamp, une commune de 7000 habitants contre près de 140 000 à Brest même. La question se pose donc de rénover le stade actuel, propriété du club, ou d’en construire un nouveau. Dans les deux cas, des frais considérables qui restent à chiffrer dans l’enquête d’utilité publique. Une certitude : une bétonnisation, à rebours des objectifs environnementaux, et la perte d’un site naturel à l’entrée de la ville, là même où j’allais, avec le lycée, pratiquer des activités de pleine nature, repérées sur l’emploi du temps sous la rubrique « plein air ». Ah ! nostalgie, quand tu nous tiens…