Fin de partie ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 4 novembre 2024 08:55
- Écrit par Claude Séné
Je croyais plus ou moins terminé l’âge d’or des « raves parties » comme on les nommait dans un franglais approximatif, et que l’administration avec son sens bien connu de la périphrase appelle désormais « un rassemblement festif à caractère musical », mais visiblement je me trompais. Ce qui semble bel et bien révolu, ce sont les fêtes géantes telles qu’on a pu les connaître dans le passé, qui drainaient des foules considérables de « teufeurs » à l’échelle européenne. Elles semblent avoir été remplacées par des fêtes à taille humaine et se tenir aussi dans de petites bourgades, dont une à quelques kilomètres de chez-moi, qui compte environ 4000 habitants, et où 200 raveurs se sont retrouvés il y a quelques mois.
Ces fêtes pour être moins fréquentées n’en sont pas moins bruyantes, puisque c’est le but recherché. D’ailleurs, vous aurez remarqué que bien souvent les participants sont invités à amplifier la nuisance sonore en répondant au mot d’ordre : « faites du bruit » et non, faites de la musique. Cette musique qui est diffusée par des « murs de son » est destinée à faire danser, d’où son nom d’electronic dance music, et son caractère répétitif a tendance à créer ou renforcer une forme de transe, encore accentuée par la prise de substances illicites. D’abord pris de court par l’ampleur du phénomène, les préfectures tentent de minimiser les troubles à l’ordre public, mais leurs positions sont fluctuantes. Généralement, les fêtes sont interdites par arrêté préfectoral lorsqu’on a vent de projets concernant le département. Dans de rares cas, elles sont tolérées si le propriétaire des lieux a donné son accord. Mais ce n’est pas forcément suffisant, car le tapage retentit sur le voisinage.
C’est ainsi que ce week-end se déroulait près de Rennes une rave party illégale, comprenez non autorisée, dans un entrepôt désaffecté, à proximité d’une aire de stationnement de gens du voyage. Le conflit était inévitable. S’en sont suivis des altercations, des jets de pierre, des coups de battes de baseball. 7 personnes ont dû être soignées à l’hôpital, et ce sont gendarmes et policiers qui ont dû s’interposer pour mettre fin aux échauffourées. Quant à la danse, les organisateurs ont pris la décision d’interrompre d’eux-mêmes la diffusion de la musique, mettant ainsi fin à la fête. Sans vouloir jouer les rabat-joie, il faut bien constater que le plaisir des uns peut se révéler la gêne des autres, et que la nature même de ces rassemblements rend difficile de les limiter. J’ai découvert à cette occasion qu’il y a eu pas mal de projets de fête dont certains ont été avortés dès le stade du montage des enceintes et des amplificateurs, et avant que les teufeurs, alertés par le bouche-à-oreille numérique, ne soient trop nombreux sur place. Les risques de dérapages, cumulés aux effets de la prise de drogue, notamment l’ecstasy, justifient pour moi cette restriction de la liberté individuelle.