De « bonne » guerre ?

En ce jour de 11 novembre, où l’on commémore l’anniversaire de l’armistice de la guerre de 14-18, celle que l’on connait sous le nom de « grande guerre » pour l’étendue dans l’espace et dans le temps des hostilités, ou encore pour le nombre épouvantable de victimes qui l’a caractérisée, amenant certains à la comparer à une immense boucherie, c’est l’occasion de s’interroger sur l’expression de « der des ders » qui traduit le souhait ou le vœu pieux du « plus jamais ça ! » Comme nous le savons, l’horreur et les atrocités de 14-18 n’auront pas suffi à dissuader l’humanité de s’entretuer de nouveau, mondialement, ou plus localement.

Encore aujourd’hui le conflit est ouvert sur au moins deux fronts, au Moyen-Orient et en Ukraine, et l’élection de Donald Trump pourrait changer la donne. Le futur président américain s’est engagé à obtenir la paix en amenant les Ukrainiens et les Russes à négocier. Il lui suffirait de 24 heures selon ses dires, ce qui impliquerait une forme de capitulation de Volodymyr Zelenski, privé de l’aide américaine, et contraint à des concessions territoriales exorbitantes. Wladimir Poutine pourrait accepter un accord très avantageux pour lui, avec l’arrière-pensée de reconstituer ses forces et de reprendre la guerre plus tard. Les rumeurs de contre-attaque russe vont dans ce sens, avec l’objectif d’établir une ligne de front la plus avancée possible dans le territoire ukrainien. Il en va autrement des relations avec Israël. Les États-Unis sont déjà au minimum de contraintes sur leur allié israélien, qu’ils continueront à soutenir sans réelles contreparties.

C’est d’ailleurs le moment qu’a choisi Benyamin Netanyahou pour revendiquer l’attaque massive contre le Hezbollah libanais au moyen de bipeurs piégés, qui a fait en septembre dernier au moins 2800 blessés et 9 morts, dont une fillette. Les civils continuent à payer un lourd tribut aux opérations militaires menées par l’armée, qui avance toujours le même argument en rejetant la faute sur l’ennemi, qu’elle serait obligée de frapper sans distinction, malgré les dommages infligés à la population à cette occasion. Cela revient à utiliser une stratégie que l’on pourrait désigner par une action « de bonne guerre », comme si ce concept pouvait tout autoriser et tout simplement déjà exister. Il n’y a pas de bonne guerre. Il peut y en avoir de légitimes, mais c’est une notion souvent très relative. En Palestine comme en Ukraine, il semble que ce soit la stratégie du fait accompli, autrement dit la raison du plus fort, qui risque de prévaloir, avec la bénédiction du futur président Trump, pourvu qu’il puisse commercer avantageusement avec le reste du monde.