Merci, Nico !

Du temps où Nicolas Sarkozy faisait des pieds et des mains pour conquérir le pouvoir à n’importe quel prix, n’hésitant pas à trahir ceux dont il était l’obligé, en allant jusqu’à se tromper de cheval par excès de zèle en plantant son couteau dans le dos de son protecteur, je l’avais surnommé « la bénédiction du chroniqueur ». En effet, il suffisait d’éplucher ses déclarations pour tomber, inévitablement, sur une citation où la mauvaise foi le disputait à l’injure. Son ardeur à insulter ses adversaires ne faiblissait jamais, et il ne pouvait résister à aucune occasion que ce soit d’attaquer ceux qu’il considérait comme ses ennemis.

Il semblait s’être calmé depuis que son propre parti l’avait mis sur la touche et qu’il avait feint de s’être découvert une vocation littéraire, surplombant la situation politique du haut de son Aventin. Invité récemment aux « rencontres de l’avenir », ce qui pour un président admis à faire valoir ses droits à la retraite est pour le moins paradoxal, il s’en est pris à sa cible préférée : les fonctionnaires, et parmi eux, les enseignants. On se souvient de sa politique consistant à ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, une saignée dont les policiers par exemple n’ont pas fini de pâtir. Il s’est félicité d’avoir ainsi supprimé 150 000 postes, sans le moindre remords pour les dommages infligés dans le service public, conduisant à une dégradation inéluctable de la qualité et des conditions de travail. Cette fois, il s’en est pris aux enseignants qui ne travailleraient que 24 heures par semaine sur seulement 6 mois par an.

Une affirmation qui ne tient aucun compte des tâches « annexes » qui s’ajoutent au temps de présence en face des élèves : la préparation des cours, les corrections, les relations avec les parents et les collègues, etc. Selon les rares études consacrées à ce sujet, il faut ajouter 50 à 60 % de temps de travail, soit un total de 43 heures par semaine, et une moyenne de 27 à 34 jours pris sur les congés scolaires. Il existe des indicateurs qui contredisent largement l’ancien président. Si le travail de professeur était si attrayant, nous refuserions du monde au concours permettant d’y accéder, à l’inverse de la réalité. Nos enseignants sont moins bien payés que leurs collègues européens, et ils doivent accueillir plus d’élèves par classe en moyenne. Mais Sarkozy préfère sa vérité alternative selon laquelle les Français en général ne travaillent pas assez, que parmi eux les fonctionnaires sont les plus paresseux, spécialement les enseignants, et au centre des privilégiés, ceux qui « s’occupent » des maternelles sur lesquels il ironise. Je voudrais bien l’y voir, tiens ! ou plutôt, non.