Les nouveaux parlementaires
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 15 novembre 2024 10:45
- Écrit par Claude Séné
Après la dissolution de l’Assemblée nationale, voulue par le président Macron dans l’espoir de retrouver sa majorité perdue malgré son succès personnel à l’élection présidentielle, on n’a pu que constater une tripartition entre blocs d’importance assez similaire, dont aucun ne pouvait prétendre, à lui seul, détenir une majorité pour mettre en œuvre la politique présentée aux électeurs. Outrepassant allègrement ses prérogatives, Emmanuel Macron a donc procédé à sa petite cuisine, en écartant la candidate présentée par le Nouveau Front Populaire, et en faisant appel au parti ultra minoritaire des Républicains pour constituer un gouvernement à la merci de l’extrême droite et d’un vote de défiance.
Faute d’une majorité, même relative, l’épicentre du pouvoir semblait devoir se déplacer vers la chambre des députés, qui détenait l’arme absolue de la motion de censure, et qui ne pouvait pas être dissoute à nouveau avant un an. Il fallait s’attendre, selon les observateurs, à des majorités de circonstances obtenues sur des convergences d’intérêts sur des points particuliers. L’examen du budget présenté par le gouvernement a semblé répondre à cette logique dans un premier temps. Les députés de gauche ont en effet proposé de nombreux amendements pour dégager de nouvelles ressources fiscales, ce qui a démontré que l’argent en question existait bel et bien, même si chaque disposition pouvait être discutée. La plupart de ces mesures ont d’ailleurs été approuvées individuellement par les députés, grâce à l’absentéisme de l’ancienne majorité présidentielle et l’abstention du rassemblement national. Tout ce petit monde s’est finalement rabiboché sur le dos du Nouveau Front Populaire pour repousser le texte global, permettant ainsi à Michel Barnier de passer l’obstacle et de se présenter au Sénat avec le texte d’origine.
Tout ça pour s’apprêter à s’assoir sur les débats parlementaires en engageant très probablement la responsabilité du gouvernement au moyen du sempiternel article 49 alinéa 3 de la Constitution, après avoir fait semblant de laisser le Parlement apporter des « améliorations » au projet qu’il a présenté, que les Français sont invités à financer à leur corps défendant. On voit par-là que les « nouveaux parlementaires » ressemblent beaucoup aux anciens et que le pouvoir exécutif ne les considère pas mieux. On leur laisse l’illusion de faire la loi, et ce sera, peut-être, le cas sur des sujets dits « de société », comme la fin de vie par exemple, mais les questions d’argent seront sans doute verrouillées. Ce qui reste également inchangé, ce sont les noms d’oiseaux échangés sur les bancs du Palais Bourbon comme cette polémique sur ce qu’a vraiment dit Sébastien Delogu, député LFI, à Aurore Bergé, ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. L’a-t-il traitée de « poubelle », voire de « grosse poubelle », comme a cru l’entendre le Figaro dans le brouhaha général, ou lui a-t-il prédit de finir dans les poubelles de l’Histoire selon le compte rendu officiel ? L’Histoire jugera. Ou pas.