Bibi Fricotin

Bibi, c’est le surnom affectueux que le Premier ministre israélien assume volontiers, en souvenir de la période où la plus grande partie de son peuple le soutenait sans états d’âme, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. De nombreux manifestants contestent son traitement de la crise ouverte par les prises d’otages effectuées par le Hamas le 7 octobre 2023, il y a presque un an. Tout en affirmant vouloir prioritairement la libération de la centaine d’Israéliens encore aux mains de l’organisation palestinienne, Benyamin Netanyahou continue à mettre en œuvre sa stratégie consistant à affaiblir ses ennemis, en bombardant massivement les territoires, sans souci réel des victimes civiles « collatérales », et à cibler les dirigeants des organisations avec lesquelles Israël est en guerre.

Après le fiasco des attentats du 7 octobre, dû à son erreur d’appréciation de la menace terroriste, Bibi peut se réjouir de la réussite des assassinats ciblés visant les cadres du Hezbollah, la milice libanaise soutenue par l’Iran, et notamment celui du chef du mouvement, Hassan Nasrallah, une victoire historique illustrant l’efficacité des services de renseignement, et la supériorité militaire des Israéliens dans la région. On peut dire que c’est de bonne guerre, et peu de voix dans le camp des Occidentaux défendront le leader défunt, responsable de la mort de nombreux ennemis, et aussi de l’attaque du Drakkar, cet hôtel de Beyrouth où 58 parachutistes français ont trouvé la mort en 1983, alors qu’un autre attentat tuait 241 soldats américains. Fort de ses succès militaires, Bibi pourrait être tenté de les parachever en menant une nouvelle offensive terrestre au Sud Liban, comme Israël l’a fait par le passé. Depuis qu’il est revenu au pouvoir, le Premier ministre sait que sa coalition politique ne tient qu’à un fil, et que s’il arrête de pédaler en faisant la guerre, il risque fort de chuter.

Cependant, bien qu’il ait provisoirement décapité le Hezbollah, il sait que ce sera difficile, sinon impossible d’éradiquer son idéologie, pas plus que raser Gaza ne lui a permis de faire disparaître totalement le Hamas. À terme, il risque au contraire de renforcer la résistance de la population civile et de fabriquer de nouveaux martyrs de la cause palestinienne. Le successeur du chef historique du Hezbollah n’est pas encore désigné, que plusieurs prétendants crédibles sont sur les rangs. Parmi eux, le candidat le plus plausible n’est autre qu’un cousin du chef défunt, qui semble un clone du premier par sa ressemblance physique, et qui devrait, s’il est désigné, suivre les mêmes orientations. Le chemin emprunté par Bibi ne peut lui garantir la tranquillité, et encore moins la Paix, mais s’en soucie-t-il vraiment ?