Shame on you !!!

Je suis depuis quelques jours envahie par ce sentiment si complexe qu’il a mérité un petit détour vers sa définition. On l’a tous un jour connu, j’en ai fait ma première expérience dans ma petite enfance quand je suis arrivée à la porte de l’école maternelle, sans petite culotte. Si je m’en souviens si bien c’est que le sentiment de honte génère des émotions complexes, profondes, déjà toute petite j’avais conscience d’une atteinte à ma dignité !

Souriez

Vous êtes filmé. Le policier appelé jeudi à maintenir l’ordre dans le cadre des manifestations lycéennes contre la loi travail n’imaginait probablement pas passer à la postérité dans l’exercice de ses fonctions, si tant est que frapper violemment un adolescent de 15 ans inoffensif fasse partie de sa mission. Si chacun a droit dans sa vie à un quart d’heure de célébrité selon la formule d’Andy Warhol, ce policier n’avait sans doute pas rêvé que ce soit de cette manière. L’altercation pendant laquelle il assène un énorme coup de poing à un jeune manifestant, à peine relevé de terre par ses collègues a été filmée au moyen d’un téléphone portable et immédiatement diffusée sur les réseaux sociaux.

La surenchère perpétuelle

Voyons. Quelle est la vague sur laquelle il est le plus facile de surfer en ce moment ? J’ai ! L’horreur suscitée par les lâches attentats de Bruxelles et le sentiment d’impuissance qui en découle. Que faire ? Une loi, bien sûr ! Et c’est Nathalie Kosciusko-Morizet, candidate déclarée récemment aux primaires de la droite, qui a dégainé la première. Sa brillante idée, inspirée d’un vieux projet de loi du FN, serait de rendre la perpétuité perpétuelle pour les auteurs de crimes terroristes. Déjà, on se pince. La perpétuité, ça veut bien dire ce que ça veut dire, non ?

La guerre innommable

Le premier ministre, Manuel Valls, ne cesse de le répéter. Selon lui, nous serions en guerre. Le président Hollande soutient que le terrorisme nous a déclaré une guerre que nous n’avons pas voulue et qu’il nous faut à présent assumer et gagner. Si l’expression a la vertu de vouloir provoquer une réaction de solidarité nationale et de mobilisation contre un ennemi, elle trouve rapidement ses limites et pourrait se révéler contre-productive. Au sens traditionnel du terme, une guerre se déclare et se déroule d’état à état. Se dire en état de guerre reviendrait à reconnaitre le statut d’état islamique à une organisation à laquelle cette qualité est déniée par le terme « officiel » de Daech.