Budget : parcours du combattant ?

Ou chemin de croix pour le très catholique Premier ministre ? Une partie de la réponse devrait émerger dès aujourd’hui avec le vote par le Sénat du texte de loi de Finances 2025. Un vote sans suspense puisque la majorité sénatoriale, contrairement à l’Assemblée nationale, reste acquise au groupe qui forme le « socle commun » autour du gouvernement de François Bayrou. La discussion des choix budgétaires a cependant fait émerger quelques points intéressants. Par exemple, les concessions faites par le Premier ministre en direction du parti socialiste pour obtenir une absence de censure ont été confirmées, notamment le maintien des 4000 postes de l’éducation nationale qui devaient être supprimés par le projet de Michel Barnier.

Les sénateurs ont également proposé de supprimer purement et simplement les crédits alloués au Service national universel, en transférant 80 des 100 millions que coûte annuellement cette institution voulue par le président Macron, au budget des sports raboté sévèrement après les Jeux olympiques. Cette économie modeste, et insuffisante pour l’organisation du sport dans les clubs, coupe court à la généralisation envisagée qui aurait coûté de 3 à 5 milliards d’euros, pour un résultat hypothétique. Elle ne résout pas non plus les difficultés des clubs à faire face à une demande créée par les JO ni celles des collectivités locales, dont les crédits sont en berne. Emmanuel Macron s’est d’ailleurs payé le luxe de soutenir une pétition de sportifs demandant plus de moyens pour atteindre un niveau international comparable à celui de l’été dernier, comme s’il n’était pour rien dans les difficultés que traverse la France alors qu’il est au pouvoir depuis 7 ans et qu’il se lave les mains des résultats désastreux de sa politique et de ses choix hasardeux.

En revanche, la contribution au Concours Lépine des idées farfelues apportée par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, qui consiste à prélever une contribution spécifique sur les retraités, a été promptement écartée, y compris par le reste du gouvernement, conscient du risque d’implosion de la coalition qui soutient encore Emmanuel Macron. La ministre du Travail considère toutefois que seuls les retraités qui peuvent se le permettre devraient s’acquitter de ce prélèvement. Pour elle, un retraité est aisé à partir de 2000 à 2500 euros par mois. Quel que soit le montant retenu pour ce calcul, peut-on lui rappeler qu’il existe déjà un impôt basé sur les ressources, qu’il est progressif et soumis à un barème, et qu’il s’appelle l’impôt sur le revenu. Si un retraité « aisé » touche une bonne pension, il le paye, comme tout un chacun, mais s’il est, comme beaucoup, aux alentours du seuil de pauvreté, il en est évidemment exempté, et ce n’est que justice. Quant aux prochaines stations du calvaire que doit franchir le Premier ministre, nous les commenterons au fur et à mesure de leur déroulement.