
Blocus humanitaire
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 7 juin 2025 11:09
- Écrit par Claude Séné

Je lisais récemment un article vengeur de l’hebdomadaire Marianne, dirigé par Natacha Polony qui se situe à gauche de la droite avec des positions souvent ambigües, qui dénonçait courageusement une initiative baptisée « flottille pour la liberté » destinée à attirer l’attention sur la situation invivable des populations civiles dans la bande de Gaza. Le péché originel de cette opération serait, selon Marianne, de compter dans ses rangs des personnalités médiatiques telles que la députée européenne de la France Insoumise, Rima Hassan, ou l’activiste suédoise bien connue, Greta Thunberg. Il n’en faut pas plus pour discréditer toute cette action, qui ne serait qu’une récupération destinée à faire-valoir les personnes en question, une opération de pure communication destinée à se poser en martyr à peu de frais.
Pas un mot sur le fond. Le blocus terrestre, maritime et aérien, existe bel et bien depuis 2007 quand le Hamas est arrivé au pouvoir dans la bande de Gaza. Il s’est étendu à l’aide humanitaire, distribuée au compte-goutte dans des conditions inhumaines, au point qu’elle a dû être arrêtée provisoirement du fait d’émeutes de la faim échappant à tout contrôle sur les points de distribution. Personnellement, je me fiche bien que cette situation soit dénoncée par une personne ou une autre. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir que les civils, et notamment les enfants, qui ne sont pour rien dans cette question, souffrent de mal nutrition, pour ne pas dire de famine pure et simple, sans compter les dommages matériels et humains du fait des bombardements continuels.
Comment ne pas voir que la politique menée par le Premier ministre israélien conduit tout droit à maintenir un conflit interminable, dont le peuple palestinien fait en premier les frais ? Les diplomates n’osent généralement pas employer le terme de génocide, en s’appuyant sur une définition qui implique l’intention de faire disparaître une population à raison de sa race ou de sa religion. Une nuance sémantique qui fait penser au combat de certaines associations qui demandent de requalifier les accidents de la route survenus après consommation d’alcool ou de drogue, en homicides routiers, au lieu d’homicides involontaires. Quand le gouvernement israélien vise un bâtiment tel qu’une école ou un hôpital, il ne peut pas ignorer qu’il causera inévitablement des dommages irréparables dans les populations qui tentent d’y trouver refuge. Il accepte ce sacrifice en prétendant qu’il ne l’a pas voulu, et en essayant de rejeter la faute sur l’ennemi. Les juristes pourront trouver matière à tracer des distinctions entre crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou génocides, les victimes continueront de s’accumuler de part et d’autre, cependant que les rares initiatives en faveur d’un arrêt des hostilités se heurtent à un blocus médiatique pavé de procès d’intention.