Gagner la paix
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 20 janvier 2025 10:24
- Écrit par Claude Séné
C’est généralement le plus difficile. L’efficacité et la puissance de l’armée israélienne ne sont plus à démontrer, et les nombreux conflits conventionnels entre Israël et les pays arabes se sont toujours soldés par une victoire militaire de Tsahal, parfois même très rapidement, comme dans la guerre des 6 jours en 1967. Paradoxalement, ces succès militaires n’ont pas fait avancer la cause de la paix d’un seul iota. Les Israéliens savent gagner des guerres et profitent à plein de leur supériorité technologique et de l’appui massif de leur allié américain, qui, démocrate ou républicain, leur fournit son approvisionnement en armes et en munitions. Malgré ces guerres gagnées, les sources du conflit persistent depuis les origines, sans que l’on puisse entrevoir de solution acceptable par les intéressés.
L’accord de cessez-le-feu, indispensable pour donner un cadre permettant d’échanger des otages israéliens contre des prisonniers palestiniens, semble respecté, après des entorses au protocole dont les parties se rejettent mutuellement la responsabilité. C’est d’ailleurs un des enjeux de la négociation qui a fini par aboutir. Israéliens comme Palestiniens s’attribuent le mérite de ce succès diplomatique et revendiquent la victoire. C’est le sens des manifestations de joie qui ont accompagné la libération des 3 otages israéliennes et des 90 prisonniers palestiniens. Un rapide calcul montre d’ailleurs qu’une vie peut en valoir 30, un rapport qui fait penser au pire du colonialisme, sur lequel tout le monde semble pourtant d’accord. Cette joie, qui le dispute au soulagement des familles, de part et d’autre, ne peut pas faire oublier que le problème de fond n’est pas réglé, s’il n’a pas empiré, avec la dévastation des zones de guerre, réduites à des tas de gravats et inhabitables pour des décennies. On sait que l’accord se déroulera en principe en plusieurs phases, dont la dernière devrait permettre la reconstruction de la bande de Gaza.
Pendant ce temps, la solution d’une paix passant par la coexistence de deux états devient un objectif de moins en moins crédible. La fraction la plus extrémiste de la classe politique au pouvoir à Jérusalem n’accepte pas l’accord trouvé pour le cessez-le-feu, sans pouvoir empêcher sa mise en œuvre. C’est cette mouvance de radicalisme politico-religieux qui favorise le processus sournois de développement de colonies, qui aboutit à une balkanisation des implantations sur l’ensemble des territoires. Ces colonies étant implantées au milieu de terres hostiles génèrent inévitablement des protections armées pour se défendre en cas d’attaque. Les territoires occupés finiront ainsi, de fait, par être annexés, purement et simplement. Le Premier ministre israélien s’est engagé, bien imprudemment, à « éradiquer » le Hamas, afin de gagner une tranquillité illusoire pour les prochaines décennies. Il n’y est pas parvenu, et c’est le germe d’une nouvelle intifada, où des gamins se feront encore et toujours tuer pour la faillite des adultes à trouver un accord de paix juste et durable.