Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose

Cette phrase, attribuée au philosophe Francis Bacon et probablement inspirée par Voltaire, pourrait être la devise du bientôt nouveau président en exercice des États-Unis. En effet, Donald Trump n’a pas attendu les conclusions de l’enquête sur l’attentat survenu à La Nouvelle-Orléans dans la nuit de la Saint-Sylvestre, pour délivrer « sa vérité », selon laquelle il était l’œuvre d’un immigré clandestin qui aurait réussi à s’introduire sur le territoire américain en franchissant la frontière avec le Mexique. Et de dénoncer le laxisme des autorités et vanter la politique qu’il promet de mettre en place en isolant le pays pour le protéger des criminels étrangers, « bien pires » que les criminels américains, selon lui.

Des déclarations sans fondement puisque l’on sait désormais que l’auteur principal de cet attentat à la voiture bélier, qui a fait au moins 15 morts et des dizaines de blessés, était de nationalité américaine, originaire du Texas et vétéran de l’armée des États-Unis. Le mobile de cet homme serait de nature terroriste, on a retrouvé un drapeau islamiste dans le véhicule, et il n’a probablement pas agi seul. Des engins explosifs ont également été découverts, mais n’ont pas fonctionné. Qu’importe la réalité, le camp des Républicains a continué à pilonner l’administration démocrate en l’accusant de laxisme, et prétend que Donald Trump a raison, même quand il a manifestement tort. La stratégie du candidat Trump, qui se poursuit dans cette période d’entre-deux, consiste à répéter indéfiniment les mêmes mensonges, et contrairement à une idée reçue, ça marche sur une fraction non négligeable de la population, la moins éduquée principalement, qui croit toujours avoir été spoliée de sa victoire il y a 4 ans, justifiant au passage la tentative de coup d’État du Capitole.

À quelques semaines de son investiture, Donald Trump confirme ainsi les pires craintes sur son mandat à venir. Il aura 4 ans pour mettre en place sa politique, néfaste pour les Américains, et aussi pour l’ensemble de la planète, ne serait-ce qu’au point de vue du réchauffement climatique. Il vient pourtant de subir un revers sur le front judiciaire avec la décision en appel confirmant sa condamnation à verser cinq millions de dollars à une journaliste américaine qu’il avait agressée sexuellement en 1996 et qu’il diffamait perpétuellement depuis, la traitant de « tarée » et l’affaire de « bidon ». On ne sait pas s’il faut se réjouir de ce jugement pénal qui montrerait que même un président américain peut être condamné, contrairement à ce que Donald Trump claironnait encore il y a peu, ou se désoler à l’idée qu’un repris de justice peut diriger la première puissance mondiale, moyennant une somme que son ami Elon Musk se fera un plaisir de lui donner, comme un bon investissement pour ses entreprises.