Le trumpisme est-il un syllogisme ?

Sous ce titre volontairement provocateur se cache une tentative de comprendre la « logique » de Donald Trump, qui lui permet d’adopter tour à tour des attitudes contradictoires faisant croire qu’il change d’avis comme de pantalon de golf. Un fait divers récent me permettra d’illustrer le comportement du président des États-Unis et sa réaction à une situation donnée. Une fusillade a éclaté il y a deux jours dans la capitale fédérale, Washington, où deux membres de la Garde nationale ont été pris pour cible et blessés par un tireur d’origine afghane. Donald Trump, après l’avoir traité d’animal, a demandé la suspension des demandes d’immigration en provenance d’Afghanistan.

Quelle est donc l’analyse sous-tendue par cette réaction ? Point un, il faut être inhumain pour s’en prendre à des représentants du pouvoir fédéral. Point deux, l’agression est liée exclusivement à la nationalité du suspect. Dans la tête du Président, tous les Afghans seraient donc réputés des ennemis, en généralisant un comportement à partir d’un seul individu. Cela m’a fait penser à cette anecdote bien connue selon laquelle un Anglais, débarquant à Calais, croise une femme rousse sur le quai, puis une autre et en déduit immédiatement que toutes les Françaises sont rousses. Bien connue, dis-je, mais avec des variantes. L’Anglais peut être remplacé, avantageusement ou non, par un Allemand ou un Autrichien, et certains déplacent le lieu de l’histoire à Blois, où toutes les femmes seraient non seulement rousses, mais également acariâtres.

L’origine exacte de cette légende urbaine pourrait nous éclairer sur son degré de vraisemblance, et j’ai cru la tenir quand au cours de mes recherches je l’ai vue attribuer à Pierre Daninos, qui a eu son heure de gloire dans les années 50, quand il publiait les pseudocarnets d’un soi-disant major britannique, Marmaduke Thompson qui découvrait les mœurs étranges d’un peuple bizarre, nous, les Français. Renseignements pris, aucune Française rousse ne traverse l’ouvrage en question. Pour revenir à la logique trumpiste, il y a bien une vérité à l’origine, celle de la nationalité de l’agresseur, mais aucun lien de cause à effet avec les actes qu’il a apparemment commis. Il s’ensuit que la décision n’a que très peu de chances d’empêcher la réitération des violences subies, mais aura pour conséquence probable une méfiance, si ce n’est plus, pour l’ensemble des étrangers, ou même des populations autochtones présentant une couleur de peau plus foncée que la moyenne. N’oublions pas que les rousses et les roux ont souvent été persécutés à raison de leur particularité physique et ont notamment été fréquemment accusés de sorcellerie.