Tempête dans un verre d’eau ?

La convention citoyenne sur les rythmes scolaires a remis son rapport, et il ne manque pas de propositions qui entraîneraient une évolution sensible dans l’organisation de la scolarité des enfants, et par voie de conséquence aux parents et à la société française dans son ensemble. Commandé en mai par Emmanuel Macron et confié au Premier ministre de l’époque, François Bayrou, il a été organisé par le Conseil économique, social et environnemental. Le rapport retient 20 propositions, à charge pour le président et les parlementaires de mettre en musique ces préconisations qui visent à remettre les écoliers au centre du système éducatif.

La plupart des mesures envisagées sont approuvées par les parents d’élèves. Les plus spectaculaires, la réduction à deux zones de vacances scolaires au lieu de trois, la semaine de travail scolaire répartie sur 5 jours pleins, la journée commençant à 9 h pour tous les âges du collège au lycée, les après-midis allégés au profit d’activités plus souples, l’heure de cours ramenée à 45 minutes, seront critiquées, mais correspondent aux travaux des chronobiologistes désormais bien connus. J’y ajouterai une petite revendication personnelle : la suppression du changement d’heure et ses effets néfastes sur les rythmes biologiques de l’ensemble de la population. Encore faut-il que cette convention dite citoyenne connaisse une suite. On se souvient de l’énorme désillusion des militants qui avaient cru Emmanuel Macron quand il leur avait promis de transmettre, à la virgule près, leurs recommandations sur le climat, avant de se parjurer éhontément. Quant à la convention sur la fin de vie, si elle a bien abouti à deux lois, on attend toujours leur mise en œuvre.

Emmanuel Macron raffole de ce dispositif qui donne les apparences d’une consultation démocratique, à ceci près qu’il n’est nullement contraignant, et lui permet de mettre en scène un pseudo-débat, un exercice dans lequel il excelle, d’autant plus qu’il peut choisir ses contradicteurs. Pour légitimer sa démarche, qui remplace avantageusement à ses yeux un référendum coûteux financièrement et risqué politiquement, il prend soin d’avoir recours à un dispositif dans lequel les participants, ici 133 citoyens tirés au sort, sont sélectionnés selon la méthode des quotas, également utilisée pour les sondages d’opinion. Ce qui indique au passage que les conclusions de la Convention auraient pu être prédites par l’IFOP ou la Sofres. Un des meilleurs exemples de la démarche présidentielle, qui consiste à noyer le poisson sous des flots de consultations inexploitables, c’est le « grand débat » et son cortège de cahiers de doléances au moment de la contestation du pouvoir par les « gilets jaunes ». C’est fin 2018 et printemps 2019 que 2 millions de Français mécontents ont pris la plume pour se plaindre du mépris dont ils se sentaient entourés. Leur dépouillement est toujours en cours.