La french
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 19 novembre 2025 11:10
- Écrit par Claude Séné
Entre Marseille et le trafic de drogue, c’est une longue histoire, dont les derniers épisodes en date ont apporté leur lot de souffrances et de drames avec l’assassinat gratuit du petit frère du militant écologiste Amine Kessaci, bien connu pour sa lutte contre le narcotrafic. Selon tous les observateurs, cet acte de barbarie, s’en prenant à un proche, vise clairement à faire taire un opposant, en le menaçant explicitement de lui faire subir le même sort. Cette tentative d’intimidation n’a pas fait reculer Amine Kessaci, qui a déjà perdu un frère aîné en 2020, sans l’empêcher de dénoncer la faiblesse des réponses institutionnelles apportées au trafic de drogue.
Pendant les années 60 et 70, la French connection désignait la filière qui permettait d’acheminer l’héroïne vers les États-Unis, en particulier la ville de New York, après avoir été « raffinée » dans des laboratoires sophistiqués par des chimistes hors pair. Un trafic extrêmement lucratif pour ses organisateurs, une véritable mafia originaire de Corse et basée à Marseille. Les films French Connection 1 et sa suite ont retracé et embelli des épisodes de la traque menée par les services américains pour tenter de stopper le trafic en décapitant l’organisation criminelle. Malheureusement, le narcotrafic, telle l’hydre de l’antiquité, a réussi à se perpétuer en se réorganisant. À chaque tête coupée, souvent par les criminels eux-mêmes au cours de règlements de comptes, succède une autre tête, de plus en plus jeune. Le trafic, à Marseille comme ailleurs, a désormais pignon sur rue, et les forces de l’ordre ont renoncé à arrêter le menu fretin, dans l’espoir souvent déçu d’attraper de plus gros poissons.
Signant ainsi un aveu d’échec, le président de la République lui-même s’est résolu à stigmatiser les consommateurs. Le raisonnement est simple, voire simpliste, semblant inspiré de la formule de Coluche : « dire qu’il suffirait que les gens arrêtent d’en acheter pour que ça ne se vende plus ! » Évidemment, sans clients, plus de vente possible. Et du pain béni pour Ponce Pilate Macron qui a trouvé le bouc émissaire idéal qui justifie l’échec du gouvernement, totalement débordé par l’expansion de la consommation. Quelques chiffres démontrent une aggravation de la situation. On compte 5 millions de consommateurs épisodiques ou réguliers de cannabis, et 600 000 usagers de cocaïne, pour un chiffre d’affaires colossal de 3 à 6 milliards d’euros. Le trafic fait vivre, directement ou indirectement, 240 000 personnes. Le nombre de points de deal ne cesse d’augmenter, et leur fermeture ne fait que déplacer le trafic. Croire à une prise de conscience collective et spontanée des consommateurs de drogues, notamment les plus « accros » pour faire diminuer la délinquance, relève évidemment de la méthode Coué. C’est pourtant la réponse annoncée d’Emmanuel Macron au cours d’un déplacement à Marseille en décembre prochain.
