Parlez-vous le Trump ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 20 novembre 2025 10:53
- Écrit par Claude Séné
Personnellement, j’ai des lacunes, comme Alain Souchon avec les blondes et avec l’extrême droite. Par contre le prince héritier de l’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman, MBS pour les intimes, a, semble-t-il, assimilé très rapidement les bases du langage personnel du président américain. La règle numéro un consiste à féliciter chaleureusement Donald Trump pour son action, surtout quand on ne la connait pas bien. À l’occasion de sa visite aux États-Unis où il a été reçu en grande pompe, MBS a répliqué du tac au tac et sans la moindre retenue aux compliments de Donald Trump qui le félicitait d’être son ami, en le désignant comme le meilleur président américain de tous les temps, pas moins.
Il fallait voir l’ami Donald en rosir de plaisir. Aucune flatterie la plus exagérée ne lui parait excessive. Un peu emballé, il lui décernait le titre de « bon gars », favorable aux droits de l’homme, ce qui parait légèrement paradoxal pour un homme dont les services secrets américains affirment qu’il a validé l’assassinat d’un journaliste saoudien d’opposition en 2018. Qu’importe. MBS « n’était au courant de rien » selon Trump. La preuve, c’est qu’il le dit, et chacun sait que Trump est infaillible dans son domaine, comme le pape dans le sien. À une journaliste qui a eu l’audace de le contredire, il l’a fait savoir, traitant ses informations par le mépris réservé aux « fake news », sa chaîne de malhonnête, elle-même d’horrible personne, la menaçant explicitement de l’empêcher de travailler où que ce soit et la traitant de truie selon sa mauvaise habitude de donner des surnoms infamants à ceux qui ne se prosternent pas devant lui.
Le deuxième principe qui guide les échanges avec Trump, c’est évidemment la couleur de l’argent. Un gaillard qui peut mettre sur la table 1000 milliards de dollars d’investissements ne peut pas être complètement mauvais. Et c’est le cas de MBS. Évidemment, tout repose sur la confiance mutuelle, et ça tombe bien, les familles de Donald et de Mohammed sont en affaires depuis longtemps. Les grincheux n’ont d’ailleurs pas manqué de pointer les conflits d’intérêts avérés entre biznessmen et politiques. Ce à quoi Donald a expliqué benoîtement et contre toute évidence qu’il ne fréquentait plus tellement sa famille. Circulez, il n’y a rien à voir. Pas plus que dans l’affaire Epstein. Le dossier détenu par les services du ministère de la Justice va probablement être rendu public, à la suite d’un vote massif des deux chambres du Congrès, un seul député et aucun sénateur n’ayant voté contre. Donald Trump lui-même a finalement décidé de ratifier la loi après moult voltefaces. C’est cette unanimité suspecte qui fait craindre que la montagne accouche d’une nouvelle souris. Car la novlangue selon Trump lui permet de dire tout et son contraire, sans sourciller.
