Bons pour le service ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 26 novembre 2025 11:05
- Écrit par Claude Séné
Emmanuel Macron a de la suite dans les idées. L’échec massif et patent de son initiative en faveur de la mise en place d’un service national universel ne semble pas l’avoir dissuadé de remettre le métier sur l’ouvrage, ou le contraire. Il s’apprêterait à proposer un nouvel avatar de l’ancien service militaire obligatoire, supprimé par Jacques Chirac en 1996 et disparu définitivement des écrans radars en 2001, remplacé nominativement par une simple « journée d’appel de préparation à la défense » rebaptisée « Journée défense et citoyenneté » en 2011. Le service militaire « à l’ancienne », qui durait déjà une éternité en temps de paix et pire en temps de guerre coloniale, disparaissait au profit d’une armée complètement professionnalisée.
Pour certains, la conscription présentait l’avantage d’un brassage social, une expérience de camaraderie virile, malgré une efficacité militaire toute relative. De nos jours, la réintroduction d’un tel dispositif serait tout simplement hors de prix, faute de casernes et d’encadrement opérationnel. Alors le Président devra se contenter de proposer un service militaire volontaire sur une période de 10 mois, rémunéré de 900 à 1000 euros par mois. 50 000 jeunes de 18 à 25 ans à l’horizon 2035 pourraient ainsi recevoir une formation militaire effective et constituer la base d’une réserve opérationnelle. Il faudra trouver environ un milliard et demi d’euros pour financer cette opération non prévue dans la loi de défense pluriannuelle ni au budget 2026 très compliqué à trouver. Il sera aussi nécessaire de lui donner un autre nom, car le SMV existe déjà pour désigner une mission de l’armée destinée à faire apprendre un métier à des jeunes, comme stagiaires ou comme experts. J’ai confiance. Un comité Théodule devrait trouver un titre bien ronflant.
Mais qu’en pensent les intéressés ? A priori, sur les trottoirs, les jeunes sont plutôt pour, enfin, pour les autres. Eux, personnellement, ont généralement d’autres projets, dans lesquels l’uniforme, en dépit de son supposé prestige, tient assez peu de place. Malgré mon âge certain, je n’ai pas goûté au « privilège » douteux d’avoir accompli ce fameux service militaire, parce que le médecin major, appelé lui aussi, m’a laissé le choix en raison d’une myopie très limite, et que je ne me suis pas fait prier pour rentrer à la maison. Les seuls nostalgiques du fameux service que j’ai entendu s’exprimer ces jours-ci étaient plutôt âgés, et avaient vécu leur période en tant qu’élèves officiers de réserve, bien loin des corvées et de l’oisiveté délétère des troufions de base. Si, fort heureusement, les conscrits de mon époque ne risquaient plus leur peau à 20 ans dans les Aurès, ils n’étaient pas à l’abri de mourir d’ennui, levés aux aurores pour attendre des ordres comblant un emploi du temps désespérément vide. Pas de quoi faire envie, à mon humble avis.
