Paradoxe
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 28 octobre 2015 10:58
- Écrit par Claude Séné
Au moment où la justice française est la cible privilégiée des policiers, où les avocats contestent leur ministre de tutelle, où les surveillants de l’administration pénitentiaire dénoncent la politique de leur Garde des Sceaux, où l’opposition se saisit de la moindre affaire litigieuse pour vilipender un supposé laxisme de la justice, deux justiciables français assignés à résidence en République dominicaine en attente du procès en appel de leur condamnation à 20 ans de prison dans l’affaire dite Air cocaïne, ont choisi de se faire la belle pour être jugés en France.
Sans entrer dans le détail du traitement judiciaire qui leur a été réservé à Punta Cana, et sur lequel il y a probablement matière à discuter, il me semble que les règles internationales du droit sont clairement bafouées par cette évasion. Leur avocat leur a imprudemment donné raison de s’être soustraits à la justice dominicaine, oubliant qu’il penserait tout autrement si des étrangers voulaient échapper à la justice française. Depuis la condamnation de Florence Cassez au Mexique, et probablement avant, on constate que l’opinion considère systématiquement que nos ressortissants sont forcément innocents des crimes ou des délits qu’on leur reproche et que la justice des autres pays ne peut pas être fiable et objective. Voilà de quoi alimenter la réputation d’arrogance qui est faite aux Français.
Pourtant, quand les zozos de l’Arche de Zoé ont été poursuivis au Tchad pour l’enlèvement d’une centaine d’enfants destinés à être adoptés en France, on ne peut pas dire que c’était à tort. Ils ont bénéficié du soutien de la France, qui a obtenu la grâce du président tchadien, ce qui n’est déjà pas mal. Et que dire de l’attitude des deux Français qui ont pris la fuite après avoir renversé et tué une jeune Israélienne à Tel-Aviv à bord de leur 4x4 en 2011 ? Quoi que l’on pense de la politique du régime au pouvoir en Israël, on ne peut pas considérer qu’il s’agit d’une dictature ou que leur justice ne soit pas aussi indépendante qu’une autre.
Les deux pilotes évadés pensent probablement s’en tirer à meilleur compte en étant jugés en France, tablant sur le principe que notre pays n’extrade pas ses ressortissants pour des faits commis à l’étranger. Ils auront du mal à conquérir la sympathie du public après avoir laissé derrière eux deux de leurs compagnons d’infortune qui devront assumer seuls les conséquences de leur fuite.