Monsieur Loyal
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 13 juin 2024 10:40
- Écrit par Claude Séné
Le mot de loyauté me parait être celui de la semaine folle que nous vivons avec des rebondissements dignes d’un feuilleton de Netflix qui surviennent tous les jours ou presque. Et je commencerai par ce licenciement officialisé de Guillaume Meurice de l’antenne de France Inter dans l’affaire du « prépuce gate » qui entraîne une cascade de démissions de ses collègues humoristes, et laisse sa « patronne », Charline Vanhoenacker dans une position très inconfortable. C’est le motif du licenciement, pour « déloyauté répétée » qui sème la discorde. Il laisse entendre qu’un humoriste peut tout dire sauf critiquer la maison qui l’emploie.
Il est également question de loyauté dans le différend qui oppose Éric Ciotti et les principaux cadres du parti dont il est le président. Après l’annonce de la dissolution, il a décidé, apparemment sans consulter personne, de nouer une alliance avec le Rassemblement national, pour sauver une partie des circonscriptions encore tenues par les Républicains, en particulier la sienne. Ce en quoi il ne fait rien de très différent que le président Macron, qui décide de tout, tout seul. Chez les Républicains, deux légitimités s’affrontent, et il est question de fidélité à des engagements, alors que le temps manque pour délibérer sereinement. La décision présidentielle a précipité la droite dans le chaos, pour rester poli, et a favorisé son éparpillement. Éric Zemmour et Marion Maréchal se sont excommuniés mutuellement, et le RN pourra bénéficier de l’effet repoussoir de « Reconquête », sans coup férir, ni se salir les mains.
Le président Macron aurait cependant tort de croire que la partie est gagnée d’avance, et, d’ailleurs, il va s’impliquer totalement dans la campagne, pourtant confiée officiellement au futur ex-premier ministre, qui paiera les pots cassés, quel que soit le verdict des urnes. Emmanuel Macron annonce par avance qu’il ne démissionnera pas en cas de défaite, preuve qu’il se pose la question, et il peut changer d’avis à tout moment. Il se rêve en Monsieur Loyal, maître de cérémonie dans le cirque politique qui agite cette période et qu’il a largement contribué à créer. Au lieu de rester au-dessus de la mêlée, comme la plupart de ses prédécesseurs, il prend parti, se lance dans la bataille, persuadé qu’il est capable de gagner tout seul face au monde entier et qu’il peut convaincre n’importe qui de la justesse de ses arguments. La difficulté c’est qu’il ne s’agit pas ici d’une élection unique pour le poste suprême, celui de président, mais bien de 577 élections locales, pour lesquelles il lui faudrait le don d’ubiquité et une éternité pour convaincre. Si je savais dessiner, je représenterais Emmanuel Macron en colleur d’affiches devant un champ illimité de panneaux électoraux, qui s’écrierait : « il faut tout faire soi-même, ici ! »