Ciotti, combien de divisions ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 14 juin 2024 10:42
- Écrit par Claude Séné
Tout le monde se souvient de la célèbre formule de Joseph Staline pour justifier son refus de se réconcilier avec le pape Pie XI en arrêtant de persécuter les catholiques, au motif qu’ils ne pesaient pas grand-chose dans le rapport de force sur lequel était établi son régime. Appliquée à la crise qui secoue actuellement le parti de la droite traditionnelle, la question appelle une réponse très simple : une seule. Éric Ciotti incarne la division à lui tout seul et ne semble représenter que lui-même et la défense de ses intérêts personnels.
Ses apparitions furtives au balcon du siège des Républicains ont eu le don de mettre en joie des internautes facétieux, qui ont comparé le président des LR au pape lorsqu’il délivre sa bénédiction urbi et orbi à l’occasion des fêtes de Pâques ou de Noël. La grande différence, c’est qu’Éric Ciotti est loin d’être attendu comme le Messie, et que les foules de supporters enthousiastes ne sont pas au rendez-vous. À part quelques badauds et des hordes de reporters en quête d’images, la plupart des quidams sont assez indifférents. On n’a pas recensé beaucoup de roméos prêts à escalader la façade au péril de leur vie pour rejoindre cet ersatz de Juliette. Les internautes ont même imaginé le remake de la scène de 2017 où Nicolas Sarkozy invitait un contradicteur à descendre s’expliquer avec lui, sous-entendu à mains nues. Ce dialogue à distance résume assez bien la situation dans laquelle se retrouve le parti croupion qui a hérité de la tradition et du prestige du gaullisme et n’en est plus que l’ombre falote.
Si, par hasard, Éric Ciotti était conforté par la justice qu’il a saisie en urgence, il pourrait garder le nom du parti, déjà très dévalué, mais ce ne serait plus qu’une coquille vide, privée de ses personnalités marquantes et d’une grande partie de ses derniers soutiens. Les quelques députés sortants tentés par l’aventure pourraient rejoindre le Rassemblement national et se faire réélire, à condition que leurs électeurs les suivent, pour un hypothétique plat de lentilles auquel ils auraient sacrifié leurs convictions, si tant est qu’ils en aient, avec le droit d’aînesse d’une famille de la droite traditionnelle. Pour le RN l’affaire est tout bénéfice. Ils s’achètent à peu de frais une respectabilité toute neuve, en démontrant une capacité qui leur manquait de passer des alliances avec des partis dits de gouvernement, se payant même le luxe de repousser les avances de leurs frères jumeaux de Reconquête, jouant le rôle de vilains petits canards. Plus que jamais, il faut faire barrage à cette coalition, avec ou sans Éric Ciotti.
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