Violence scolaire

Si vous avez eu l’occasion de visionner la séquence, vous avez probablement été choqués par l’attitude de cette maîtresse de Petite section d’une école parisienne. En effet, on y voit l’enseignante porter un coup dans le dos à une fillette de trois ans avec suffisamment de force pour la faire tomber de sa chaise, alors que celle-ci hurle sans discontinuer depuis un temps indéterminé. La vidéo a été tournée par une mère d’élève, et diffusée par l’avocate des parents de la fillette, qui ont porté plainte. Au-delà de l’émotion légitime que cette vidéo, largement médiatisée, a suscitée dans le milieu scolaire, il me parait nécessaire d’essayer de comprendre ce qui s’est produit, et comment on a pu en arriver là.

Ce qui me frappe dans un premier temps, c’est l’apparente indifférence de l’enseignante à l’égard de cette petite fille, qui manifeste bruyamment un chagrin ou une colère, probablement liés au stress d’une première rentrée scolaire. L’absence d’empathie de l’enseignante, confrontée à une situation somme toute courante, explique peut-être l’escalade de la fillette dans le volume sonore. Il m’est arrivé de donner un coup de main en classe maternelle pour l’accueil des deux ans. Cela ne s’improvise pas. Il y avait une rentrée échelonnée selon l’âge, et des renforts, dont je faisais partie, pour améliorer le taux d’encadrement et prendre en charge les enfants les plus fragiles. Si l’école des plus petits s’appelle « maternelle » et a longtemps incarné la transition bienveillante entre la famille et le monde scolaire, ce n’est pas un hasard. Cependant, la réputation d’excellence de l’école maternelle française est devenue largement usurpée au fil du temps. Sous couvert d’efficacité et de rendement, les ministres successifs n’ont eu de cesse que de fixer des objectifs très ambitieux pour faire de cet enseignement préélémentaire une antichambre de l’école primaire.

Sans chercher d’excuses à l’enseignante auteur des violences filmées, qu’elle a d’ailleurs reconnues, il faut souligner que des classes chargées de 26 à 28 enfants âgés de 3 ans ne permettent pas de faire un bon travail, ni dans l’aspect relationnel, ni, a fortiori, éducatif. Cet épisode démontre aussi la grande solitude des enseignants devant des situations assez banales, mais qui parfois les dépassent, sans qu’ils puissent se faire aider eux-mêmes. Ce n’est d’ailleurs pas dans la culture de l’institution de faire état de la moindre faiblesse. Jusqu’à la ministre démissionnaire de l’éducation nationale elle-même, qui affirme mordicus et contre toute évidence qu’il ne manquait ni un bouton de guêtre ni un seul professeur devant chaque classe à la rentrée scolaire. On attend avec intérêt la nomination du prochain ministre, qui aura fort à faire dans une conjoncture qui s’annonce très difficile.

Commentaires  

#1 jacotte 86 11-09-2024 12:00
pour avoir collaboré avec une enseignante(âgée de plus de 45 ans) de moyenne grande section de maternelle dans le cadre lire et faire lire , je peux témoigner de sa fatigue physique , morale ,et psychologique … j'avais un peu oublié l'enfer que peut représenter une classe de 29 enfants bien vivants, exigeants une attention individuel!
je peux donc comprendre (mais pas du tout l'excuser) la perte de maitrise de cette enseignante, pour moi plus que d'une sanction, elle a besoin d'aide
Citer