Chat échaudé…

Craint l’eau froide. Le gouvernement de son prédécesseur, Michel Barnier, est tombé sur la délicate question de fabriquer un budget consensuel quand on ne dispose pas d’une majorité au parlement pour le voter. François Bayrou, qui a échappé de justesse à la même sanction, a décidé de prendre les devants en convoquant dès aujourd’hui un « comité d’alerte sur le budget » alors que les débats proprement dits ne commenceront qu’en octobre comme d’habitude pour l’année 2026. Cette réunion a été convoquée à la hâte pour faire taire les mauvaises langues qui taxent le gouvernement et particulièrement le Premier ministre, d’immobilisme, qui se traduit par une stagnation, voire une baisse, dans les sondages.

Cette stratégie m’a fait penser un spot publicitaire qui date de quelques années, mais qui ressort en ce moment. On y voit un quidam par une nuit noire à peine traversée par un lampadaire lugubre sous le cri inquiétant d’une chouette, qui attend patiemment près de sa valise. À la fenêtre, en robe de chambre, une femme, la sienne probablement, qui lui demande : « mais, qu’est-ce que tu fais ? C’est pas aujourd’hui qu’on part en vacances, c’est la semaine prochaine ! » et il répond, imperturbable : « Mais je sais ! mais comme ça, je suis prêt. » On sait ce qu’il est advenu de la ligne Maginot qui symbolisait aux yeux de l’état-major le degré ultime de préparation pour se défendre contre une guerre de tranchées alors que l’ennemi avait perfidement changé de doctrine et nous attaquait rapidement par une guerre de mouvement, dans laquelle les boutons de guêtre n’étaient que très peu utiles.

L’objectif de ce grand raout, dont le Macronisme a le secret, est de brasser un maximum d’idées, pour surtout n’en retenir aucune définitivement. Une fois gonflés tous les ballons d’essai, il suffira d’attendre tranquillement de voir lesquels tiendront le plus longtemps. Il faudra quand même trouver au moins 40 milliards d’économies supplémentaires, sans augmenter les impôts, du moins officiellement. Difficile ? Oui ! Impossible ? Non ! La recette de la France Insoumise est simple : il suffit de rogner sur les crédits alloués depuis des années à soutenir l’économie pour un résultat assez peu convaincant. D’autres suggestions vont dans le même sens pour les syndicats qui demandent des engagements patronaux en échange des subventions dont certaines sont purement et simplement des effets d’aubaine et ne contribuent ni à la croissance, faible en ce moment, ni à l’emploi avec une remontée attendue du chômage. Mais le gouvernement préfère dénoncer ces salauds de retraités qui bénéficient de l’aumône de la déduction fiscale de 10 %, plutôt que les pauvres milliardaires qui paient rubis sur l’ongle ce qu’ils ne peuvent vraiment pas déduire de leurs revenus par l’optimisation légale.