
Avoir ou être ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 6 avril 2025 10:28
- Écrit par L'invitée du dimanche

Ces deux verbes, à la fois des auxiliaires essentiels à la conjugaison pour former les temps composés, surcomposés, capables de s’associer pour donner sens à la notion de temps, sont aussi deux verbes à part entière.
Avoir signifie posséder, être doté de quelque chose… être c’est ce que nous ressentons exister, « je pense donc je suis » écrivait Descartes et son utilisation est complexe, selon le mode prédicatif où il exprime une propriété plus ou moins permanente « je suis français… je suis riche, ou substantif, il est tard, le Tibet est en Asie. »
Les grands maîtres et certains philosophes enseignent que ne rien avoir est le seul moyen d’atteindre la richesse et la force spirituelle, Marx considère le luxe comme un vice autant que la pauvreté, le but c’est être plus et non avoir plus, et prône une propriété collective !
Pour donner naissance à toutes ses richesses intérieures, l’être humain devrait être réduit à cette pauvreté absolue, plus on a, plus on aliène sa vie.
Avoir et être sont deux modes fondamentaux d’expérience qui déterminent les différences de caractère des individus, et les différents types de caractères sociaux.
Les personnes du type « avoir », aiment la sécurité, mais par nécessité vivent dans l’insécurité, elles se reposent sur ce qu’elles ont, l’argent, le prestige, autrement dit sur leur extérieur, et que deviennent-elles si elles perdent ce qu’elles ont ? Parce que je peux perdre ce que j’ai, j’ai peur des voleurs, des révolutions, de la maladie…
Les personnes qui vivent dans le monde de « l’être » abandonnent égocentrisme et égoïsme, ils fondent leur vie sur la pratique, ce qui est dépensé n’est pas perdu, au contraire, c’est ce qui est conservé qui est perdu. Dans le mode de « l’être », la sécurité n’est menacée que par moi-même, mon manque de confiance en la vie ou en mes pouvoirs productifs, par ma paresse intérieure, ma résignation, autant de dangers qui ne sont pas inhérents aux seuls modes de « l’être, » comme le danger de perdre est inhérent au mode de « l’avoir ».
Le mode de l’être n’existe que dans l’ici et le maintenant, le mode de « l’avoir » n’existe que dans le temps passé, car lié à ce que nous avons amassé, argent, renommée… dans l’anticipation de ce que deviendra le passé, et dans un présent, point de jonction du passé et de l’avenir.
« L’être », n’est pas hors du temps, mais ce n’est pas la dimension temporelle qui régit sa vision, ses actes créatifs sont indépendants du temps, l’ici et le maintenant sont éternité, mais on peut faire revivre une situation du passé avec la même fraîcheur que si elle se passait dans l’ici et le maintenant. Avoir ou être ? Dilemme pour l’humanité qui doit choisir entre ces deux modes d’existence dont dépend sa survie. Comment échapper à « avoir », fonction normale de notre vie ? Pour pouvoir vivre, il faut avoir certaines choses, « avoir » est l’essence même « d’être », celui qui n’a rien n’est rien ?
De grands changements, sociaux, économiques, écologiques, donc politiques, redistribuant ou corrigeant les ressources du monde rebattant les cartes de « l’avoir », avec un cheminement individuel explorant les richesses intérieures, renonçant à la béquille de la propriété pour marcher seul, éviteraient les désastres qui se profilent déjà !
L’invitée du dimanche
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