Mens sana in corpore sano

« Un esprit sain dans un corps sain ». Attention ! quand on fait appel au latin, en général, l’argument d’autorité n’est pas loin. Et c’est bien le cas en l’occurrence, puisqu’il s’agit de justifier une façon douteuse de demander encore une fois à l’école de régler un problème de société. De quoi s’agit-il ? Dans le cadre de la semaine olympique et paralympique, 4 000 élèves de 6e ont été évalués en septembre dernier sur des épreuves de course d’endurance, de vitesse et de saut en longueur. Leurs performances ont été comparées à celles d’élèves d’autres pays et les résultats ne sont pas bons.

Le diagnostic n’a pas traîné. Les jeunes Français sont victimes de leur inactivité physique, et les coupables sont désignés par avance : les fameux écrans, responsables de tous nos maux. Heureusement, l’antidote est prêt et n’attend plus que notre initiative. Des médecins ont constaté que quelques séances d’activité physique d’une dizaine de minutes judicieusement préparées permettaient aux enfants de rattraper une grande partie de leur retard. De même, aller à pied à l’école mettrait nos bambins en condition pour les apprentissages scolaires, spécialement le matin. D’où cette idée simplissime comparable à l’œuf de Colomb ou au dénouement des anciens feuilletons policiers dans lesquels le commissaire Souplex s’écriait 5 minutes avant le dénouement : « bon sang ! mais c’est bien sûr ! » Il suffit de confier cette mission à l’école en général et aux professeurs d’éducation physique en particulier, pour régler la question à la Trump, d’un trait de plume sur un registre.

Il est donc question de généraliser les évaluations à l’ensemble des élèves de 6e à la rentrée prochaine, sur la base du volontariat. Et curieusement, au lieu d’être ravis de la mesure, les profs traînent des pieds. À les écouter, on demanderait à l’école de régler les multiples soucis de santé rencontrés par les élèves et déjà bien connus, tels que l’obésité juvénile qui gagne partout du terrain, quand ils considèrent que leur mission principale est de favoriser les apprentissages de culture physique et d’activité sportive. S’il s’agit uniquement de nourrir des statistiques sur les performances des élèves, l’intérêt en est très réduit. Si, au contraire, on s’intéresse au parcours individualisé des enfants et des adolescents, et que l’on veut s’attacher à un développement personnalisé de chacun, alors la tâche est immense et dépasse de loin les attributions d’un corps de métier très insuffisant numériquement pour compenser une politique de Santé en grande difficulté elle aussi. J’ai bien peur que les opérations de communication lancées par la ministre des Sports, Marie Barsacq, et par la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, qui tente de reprendre un flambeau qui passe de main en main sans amélioration notable, restent purement théoriques.