
Remède de cheval
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 11 avril 2025 11:03
- Écrit par Claude Séné

La proposition de Laurent Wauquiez d’exiler les personnes sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français dans l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon, qui est pourtant jusqu’à nouvel ordre un territoire certes ultramarin, mais 100 % français, tant qu’il ne contient pas de minerais rares susceptibles d’ouvrir l’appétit de Donald Trump, n’est pas passée inaperçue. De son propre aveu, cette position est « dure, radicale, » on peut même dire que c’est le but recherché par le député LR qui prépare activement le congrès de sa formation pour désigner son chef les 17 et 18 mai et doit affronter la concurrence du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a le vent en poupe.
Ces deux-là vont probablement se tirer la bourre jusqu’à la désignation du candidat officiel à l’élection présidentielle, pour laquelle ils se préparent activement en peaufinant une image d’intransigeance et de surenchère. Dans sa déclaration sur le réseau X, anciennement Twitter, Laurent Wauquiez utilise le terme de « OQTF dangereux », c’est-à-dire qu’il désigne des personnes par le nom d’une procédure administrative, un peu comme certains médecins confondent les malades avec leur affection. Ils présentent un patient comme un ulcère de l’estomac ou une fièvre typhoïde. Cette dépersonnalisation, outre qu’elle en dit long sur la façon dont certains technocrates envisagent les problèmes, permet de ne pas soulever d’affects qui pourraient faire prendre conscience de l’énormité de certaines prises de position. Dans quel pays vivons-nous ? Et cela pourrait empirer avec des politiques du genre de Laurent Wauquiez, qui se propose de déporter des milliers de personnes sur la base de suspicions et de transformer une région inhospitalière en vaste camp de réfugiés, une sorte de Guantanamo à la française.
Outre que ce serait moralement inacceptable, cette mesure ne résoudrait en rien le cœur du problème qui a conduit l’état français à choisir l’expulsion comme solution principale à la question des délinquants d’origine étrangère. En effet, ce ne sont pas les individus qui sont un obstacle, mais les états, qui refusent de reprendre leurs ressortissants, pour des tas de raisons tirant souvent leur origine de relations difficiles avec la France. L’exemple le plus récent et le plus criant, c’est celui de l’Algérie, avec qui les relations diplomatiques commencent tout juste à s’améliorer légèrement. Le nombre de personnes sommées de quitter le territoire ne cesse d’augmenter, tandis que les retours réels stagnent. En 2024, seules 20 000 OQTF ont été effectives sur les 140 000 prononcées. Et c’est une petite partie des flux migratoires plus généraux qui amènent des populations entières de pays en proie aux difficultés de toutes sortes à risquer leur vie pour un eldorado supposé, la plupart du temps inatteignable.