Salauds d’épargnants !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 18 août 2016 11:11
- Écrit par Claude Séné
On le sentait venir, une banque allemande l’a fait. À partir de la rentrée, les particuliers coupables de posséder des comptes courants bénéficiaires devront acquitter un intérêt négatif sur leurs dépôts. Le taux sera modeste, certes, seulement 0,4 %, et ne concernera que les montants supérieurs à 100 000 euros, mais le principe est très révélateur de la conjoncture. Cette mesure s’applique déjà aux entreprises depuis deux ans et la Raiffeisenbank ne ferait que l’étendre aux clients particuliers. Une attitude qui fait écho à la tendance de baisse continuelle des taux directeurs des banques centrales, au point de subventionner les prêts consentis aux états.
Sur le plan macroéconomique, cette baisse se justifie par l’état du marché qui voit des masses de capitaux se retrouver sans emploi, tant et si bien que des pays considérés comme sûrs et solvables ont plus intérêt à vivre à crédit que de payer rubis sur l’ongle, ce qui, de toute façon, est complètement impossible. Ce qui est vrai pour un état ne l’est pas complètement pour le simple citoyen, qui aura besoin d’avoir des revenus conséquents pour bénéficier des effets d’aubaine sur l’achat immobilier par exemple. Du point de vue des banques, il est nécessaire retirer un profit des mouvements d’argent pour lesquels elles servent d’intermédiaire, et cela ne souffre pas de contestation. Il faut bien que chacun gagne sa vie. Ce qui fait l’objet de discussion, c’est l’endroit où l’on place le curseur. Voilà déjà longtemps que le livret d’épargne voit sa rémunération baisser lentement mais sûrement. Et encore, le taux actuel de 0,75 % aurait dû baisser mécaniquement puisqu’il est indexé sur l’inflation qui n’a augmenté officiellement que de 0,2 %. De quoi inciter les Français à revenir au bon vieux matelas sous lequel ils plaçaient le fameux bas de laine contenant leurs économies. Mais le livret A reste le grand pourvoyeur de financement du logement social, ce qui explique la modération du gouvernement à son sujet.
Ce qui est paradoxal dans cette tendance à faire payer les dépôts des particuliers, c’est qu’il est devenu impossible de percevoir ne serait-ce que son salaire sans passer par l’obligation d’ouvrir un compte bancaire. C’est d’ailleurs un problème pour les SDF ou les interdits bancaires qui doivent passer par la Banque de France. Les banques ont essayé par tous les moyens de se rémunérer sur le dos de leurs clients, en facturant des frais exorbitants au moindre incident et en tentant de faire payer les chèques. Les consommateurs, par le biais de leurs associations, ont obtenu une certaine modération et les cartes bancaires remplacent de plus en plus les chèques, mais la voracité des établissements bancaires n’a décidément pas de limites.