
Un éclair de lucidité
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 26 mai 2025 11:11
- Écrit par Claude Séné

C’est ce qui semble avoir frappé tout récemment Donald Trump à propos de l’attitude de son « ami » Vladimir Poutine dont il a déclaré publiquement qu’il était devenu complètement fou. Le président américain découvre tardivement que son homologue russe a bien l’intention de récupérer la totalité des oblasts ukrainiens dont il détient déjà une partie, mais aussi le reste de l’Ukraine, et pourquoi pas reconstituer l’empire soviétique au détriment des pays voisins. Pour y parvenir, Vladimir Poutine a deux fers au feu : le déluge de missiles, de drones et de bombes qu’il s’empresse de liquider en attendant une trêve éventuelle pour reconstituer ses stocks, et la diplomatie pour exiger des concessions irréalistes en profitant de l’indécision américaine.
Nul ne sait, pas même l’intéressé probablement, combien de temps resteront dessillés les yeux du président Trump. Il a déjà envisagé dernièrement l’hypothèse d’avoir été manipulé par son homologue russe, et que celui-ci l’aurait baladé dans l’unique but de gagner du temps, voire le ridiculiser aux yeux du monde. Cette fois, Trump essaie de sauver la face en se posant en surplomb du conflit : « je ne suis pas satisfait de ce que fait Poutine », écrit-il sur son réseau social, tout en critiquant également le président Zelensky. Par ailleurs, il prédit la chute de la Russie si elle devait prendre l’Ukraine par la force. On a vu menaces plus concrètes ou engagements plus explicites. C’est un aveu de faiblesse qui démontre surtout la probabilité d’un désengagement prochain des États-Unis. Après des décennies d’impérialisme actif sur l’ensemble de la planète, où les Américains, opposés au bloc soviétique principalement, ont mené leur guerre froide en se posant comme les garants d’un bloc occidental contre des régimes non démocratiques, voilà qu’ils semblent amener le combat sur des aspects uniquement commerciaux, sans s’interdire le choix des armes si leur intérêt les y pousse.
Les États-Unis ont les moyens de forcer la Russie à négocier, de la même façon que leur apparence de neutralité dans la guerre menée par les Israéliens à Gaza cache mal un soutien inconditionnel de la politique menée par Netanyahou, malgré les images insoutenables des enfants victimes d’une répression aveugle. Les autorités israéliennes utilisent la situation humanitaire catastrophique pour se livrer à une manœuvre indigne d’un pays démocratique. La distribution au compte-goutte des quelques colis de nourriture que l’état laisse franchir les frontières est utilisée comme une arme de déportation de fait. Israël implante ces points de distribution au sud de la Bande de Gaza, incitant ainsi les populations du Nord à se déplacer près de ces points, en ajoutant un énième déracinement au traumatisme des tapis de bombes subis depuis le début de la guerre, sans réelle efficacité militaire. Si Donald Trump se rêve en faiseur de paix, il aurait là aussi une occasion extraordinaire de se rendre utile.