
La gifle présidentielle ?
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 27 mai 2025 10:52
- Écrit par Claude Séné

L’affaire a fait grand bruit dans le Landerneau des réseaux sociaux. Juste avant de descendre les marches de la passerelle de l’avion présidentiel, une image furtive qui semblait indiquer que la « Première dame » aurait repoussé fermement le visage du Président, comme si elle lui donnait une gifle, a attiré l’attention des internautes. Emmanuel Macron montrait par un regard caméra qu’il était conscient d’être filmé et faisait bonne figure, si l’on ose dire. La vidéo de l’incident, aussitôt mise en ligne, était aussitôt relayée, accompagnée ou non de spéculations sur la bonne entente du couple présidentiel. On imagine que les cerveaux de l’équipe en charge de la communication au sommet de l’état ont dû phosphorer pour choisir une ligne de conduite appropriée.
Dans un premier temps, l’incident était traité par le mépris, puis filtrait une hypothèse de manipulation par une puissance étrangère, et enfin, la doctrine officielle faisait état d’une simple « chamaillerie » sans conséquences. Évidemment, si tout le monde pensait au film de Claude Pinoteau de 1974, la force physique de Brigitte Macron est sans commune mesure avec celle de Lino Ventura, dont on dit que la gifle monumentale assénée à Isabelle Adjani dans le film n’aurait été que partiellement fictive. Car il y a gifle et gifle. François Bayrou, connu pour avoir giflé en 2002 un enfant qui tentait de lui faire les poches, a corrigé son geste en le traitant de simple « tape » qu’un père de famille était en droit d’utiliser, car dénué de toute violence. Il n’est pas allé jusqu’au terme de « tapette » à l’issue d’une séance de barbichette, mais tout juste. Il n’avait pourtant que l’embarras du choix entre baffe, taloche, torgnole, tarte, beigne, mornifle, calotte, pêche, giroflée ou aller-retour. J’en passe et de plus imagées. Le président de son côté, en fin lettré, aurait sans doute préféré être souffleté, même si l’offense ne pouvait pas être lavée par un duel, même symbolique.
D’ailleurs, lorsqu’il a été giflé publiquement par un opposant lors d’un bain de foule dans la Drôme en 2021, il a laissé la justice suivre son cours, et infliger une peine de 18 mois de prison dont son agresseur en fera finalement 3. La séquence de la supposée gifle ne dure guère qu’une seconde, mais elle est suffisamment ambigüe pour permettre toutes les hypothèses. En paraphrasant un roman de l’écrivain Frédéric Dard, surtout connu pour la série parodique du commissaire San Antonio, il s’agirait là d’une seconde de toute beauté. Elle n’était pas supposée sortir de la sphère privée. Les Inconnus auraient pu souligner que « cela ne nous regarde pas », mais le public est friand de ces moments volés qui lui donnent l’impression de partager l’intimité des puissants de ce monde.