Recettes de poche
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 5 novembre 2015 10:55
- Écrit par Claude Séné
C’est un grand classique des préparations de budget. Pour boucler les fins de mois difficiles, chaque gouvernement demande à l’administration fiscale de lui trouver quelques bouts de chandelles sur lesquels on pourrait encore faire des économies en rognant un peu sur les dépenses ou en raclant les fonds de tiroirs pour faire l’appoint, un peu comme vous, quand vous allez acheter votre baguette tout en vous débarrassant de la « ferraille » qui encombre votre porte-monnaie. On pourrait croire que depuis le temps que le monde est monde, on est arrivé au bout de ces expédients, mais l’imagination de Bercy est sans limites.
Au point d’en arriver à des absurdités. Quand François Hollande, alors candidat à la présidence de la République, déclarait au Bourget que son ennemi c’était le monde de la finance, on était loin de se douter qu’il visait les maigres économies des personnes bénéficiant de l’allocation pour adultes handicapés. On imaginait plutôt qu’il pensait à ceux qui « s’enrichissent en dormant », les spéculateurs, selon la formule de François Mitterrand. Faute d’avoir concrétisé le projet de grande réforme fiscale présenté en campagne électorale, qui aurait unifié les différentes impositions et se serait attaqué de front aux grandes inégalités sociales, le gouvernement, comme ses prédécesseurs en est réduit à rapetasser un budget pour l’équilibrer tant bien que mal en jouant à la marge sur des montants peu significatifs pour l’état, mais très lourds pour les intéressés.
Quand il est question de supprimer les compléments de l’AAH en prenant en compte les intérêts perçus par les titulaires de livrets d’épargne, l’état escompte quelques centaines de millions d’économie sur un budget de 2 200 milliards environ. Une misère, qui va quand même amputer le revenu de 210 000 personnes de 1 000 ou 2 000 euros par an, ce qui n’est pas rien quand on touche les minimas sociaux. Cette disposition devrait être abandonnée, mais elle souligne le manque d’une politique fiscale claire et cohérente. On en revient aux vieilles recettes qui consistent à « raboter » les niches fiscales en supprimant les multiples exceptions dont bénéficient les personnes concernées. C’est oublier que dans chaque niche sommeille un chien prêt à mordre la main qui l’a nourri. À force de ne pas vouloir choisir, on finit par mécontenter tout le monde. Et ce n’est pas en faisant les poches des personnes handicapées que le gouvernement redorera son blason.