Saleté de marteau !

Vous savez bien, le coupable c’est le marteau, qui, au lieu d’enfoncer le clou comme c’est sa fonction principale, se permet de dévier de sa trajectoire pour aller écraser malencontreusement le doigt qui est supposé le guider. Les agents de l’Office français de la biodiversité se sont mis en grève aujourd’hui pour protester contre le lâchage en rase campagne de l’état qui les emploie et leur demande de pratiquer des contrôles dans les exploitations agricoles pour vérifier l’application des règles qu’il a lui-même édictées. Et voilà que le Premier ministre en personne, dans son discours de politique générale, les désigne à la vindicte populaire parce qu’ils auraient commis des fautes et des humiliations à l’encontre des agriculteurs.

Si des abus de pouvoir, qui restent à vérifier, mais sont toujours possibles, ont été commis, il faut naturellement les sanctionner, mais ce sont les activités mêmes des contrôleurs qui sont visées par les actions de certaines organisations syndicales agricoles, soutenues par des politiques qui voient par là l’occasion de se refaire une santé en vue de futures élections. Ce sont pourtant bien les ministres, en particulier celui de l’agriculture, ou de l’environnement, et particulièrement le premier d’entre eux, qui sont chargés de définir et de conduire la politique de la nation, sous l’égide du président de la République, qui, en d’autres temps, aurait revendiqué sa responsabilité et défié les Français de venir le chercher. C’est que désormais, par ces temps de vaches maigres, le chacun pour soi budgétaire devient la règle et la démagogie un argument facile. François Bayrou se défausse sur les comportements supposés fautifs de ses  fonctionnaires, sans assumer ses propres responsabilités. Le summum de l’hypocrisie est atteint quand il suggère que les agents de l’OFB continuent à porter une arme, mais « discrètement ».

Personnellement, je déplore que la situation du monde agricole soit devenue si problématique que les conflits ne puissent être réglés que par l’usage de la force, de part et d’autre. Pour les agriculteurs, la défense de l’environnement sous toutes ses formes est devenue l’ennemi, personnifié par la commission européenne, responsable de tous leurs maux et surtout qui leur impose des normes et des règles entraînant toujours plus de « paperasse » chronophage. Et les politiques de la droite traditionnelle de leur emboîter le pas en réclamant la tête des agences gouvernementales chargées d’organiser la transition écologique, telles que l’OFB, mais aussi l’ADEME pour la partie énergie notamment, ou encore l’agence Bio. Ces mêmes personnalités se montraient pourtant moins regardantes quand il s’agissait de financer des études au profit du secteur privé, en faisant appel à des cabinets de conseil tels que McKinsey, beaucoup plus gourmands, et qui doublonnent les agences nationales.