Si la photo est bonne
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 21 janvier 2025 10:35
- Écrit par Claude Séné
Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer dans la tête du désormais 47e président des États-Unis d’Amérique quand il a validé la photo officielle qui le représentera pour l’éternité sous les traits d’un repris de justice ? Le portrait de Donald Trump ressemble en effet trait pour trait au cliché qui a été effectué par les services de l’identification judiciaire lorsqu’il a été inculpé en Géorgie en août 2023 pour sa tentative de fausser à son profit les résultats de l’élection présidentielle de 2020. Cette photo, que les Américains appellent un « mug shot », montrait un Donald Trump furieux et hagard qui défiait le photographe et à travers lui tous ceux qui le regarderaient.
À la veille de son investiture, que l’on appelle là-bas son « inauguration », un faux-ami qui représente assez bien le personnage, il a donc choisi délibérément d’assumer le côté obscur de la force en reprenant la pose pour bien montrer qu’il peut tout se permettre, et qu’il est au-dessus des lois. De légères retouches esthétiques et un usage maîtrisé des éclairages ont permis au photographe d’atténuer un peu la violence sous-jacente de l’expression, qui n’est pas sans rappeler la célèbre affiche de propagande pour recruter des conscrits, où il est dit que l’Oncle Sam a besoin de vous, mais le message est clair et assumé. Trump fera exactement ce dont il a envie, et il l’a prouvé dans la foulée en signant des masses de décrets, dont certains pourraient être inconstitutionnels. Un court instant, en voyant cette photo, je me suis demandé si Donald Trump n’était pas en train de rendre un hommage souterrain, mais appuyé, au cinéaste David Lynch, qui vient de nous quitter, à supposer que la culture générale du Président englobe le 7e art et ne se limite pas aux « Village people ». Il suffirait de passer la photo à la moulinette de l’intelligence artificielle et de l’animer pour lui faire dire, par exemple : « je ne suis pas un animal » et « je suis un être humain » comme dans le film de Lynch, Elephant man.
Donald Trump a commencé son deuxième mandat en promettant aux Américains un nouvel âge d’or. Le symbole est intéressant, car il rappelle un épisode de l’histoire des États-Unis, celui de la ruée vers l’or, où énormément de prospecteurs se sont précipités dans l’espoir de faire fortune, et seulement une poignée d’entre eux ont eu la chance de tomber sur un bon filon et ont réussi à amasser suffisamment de pépites pour mener une vie luxueuse sans se faire voler, détrousser ou tuer, et sans dilapider le fruit de leur travail dans des dépenses plus que tentantes. Un condensé du modèle américain que l’on continue à promouvoir dans le monde occidental. Beaucoup d’appelés, peu d’élus.