N’oublions pas Tchernobyl

L’Ukraine, en tête de l’actualité, s’est rendue déjà tristement célèbre le 27 avril 1986, quand le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl a explosé !

Au cours d’un exercice de sécurité, s’est produit une augmentation « incontrôlée » de la puissance de l’unité quatre, plus de 100 fois sa puissance normale, provoquant la fusion du cœur du réacteur et son explosion.

Le nuage contaminé qui s’en est dégagé a traversé l’Europe de l’Ouest, France, Allemagne, l’Italie du nord, du 30 avril au 5 mai, a fait deux fois le tour du globe, laissant des traces sur une partie de la planète.

Une erreur humaine, ajoutée à des défauts technologiques et l’amateurisme technocratique, a donc provoqué la plus grande catastrophe nucléaire de tous les temps, même Fukushima en 2011 n’a pas causé autant de dégâts.

Le sarcophage pour protéger les éléments radioactifs de l’unité 4 ayant été endommagé, il a fallu construire une arche (avec l’aide internationale sous l’égide de Bouygues et Vinci), qui ne sera opérationnelle après six ans de travaux qu’en décembre 2018, faisant en attendant planer sur l’Europe continentale une menace permanente pour procéder à son démantèlement. En attendant, les trois autres réacteurs fonctionneront jusqu’en l’an 2000.

Tchernobyl, c’est 400 000 décès en 25 ans, cancer, leucémie, maladies congénitales, mortalité infantile, 3 500 000 personnes dont 1 300 000 enfants ont reçu des doses élevées. C’est aussi plus de 600 000 liquidateurs décédés, ouvriers, ingénieurs, techniciens qui se sont sacrifiés pour le nettoyage du site, c’est des terres polluées, pour des centaines voire des milliers d’années pour le plutonium, 700 villages détruits, des feux de forêt disséminant des particules radioactives … 8 millions d’Ukrainiens qui boivent l’eau du Dniepr contaminée, 20 millions qui consomment des aliments irrigués par ces mêmes eaux.

37 ans après, de graves et nombreuses incertitudes restent évidentes sur les conséquences d’un accident nucléaire de ce type pour la santé, et tout l’environnement… et des effets du transport et du stockage des déchets.

Les rejets radioactifs ont une demi-vie de 900 ans, et il faut 48 000 ans pour que le reste de la radioactivité s’épuise !

Aucune puissance au monde n’est en mesure de gérer un accident nucléaire aussi important, on aura beau chercher des systèmes de gestion, de sécurisation en termes d’hommes et d’environnement, il restera toujours le risque terroriste, et celui des conflits guerriers !

Avec 58 réacteurs de plus de 30 ans, la France fait preuve d’un optimisme irresponsable (il y a toujours des rejets radioactifs par le gaz, dans les rivières, les eaux côtières, et l’on compte pas moins de 5 incidents entre 1980 et 2003, dont 1 niveau quatre à Saint-Laurent-des-Eaux), en faisant le projet de 6 EPR et 8 centrales, comme s’il fallait choisir entre oxyde de carbone ou radioactivité !

 Faux dilemme, on pourrait très bien se passer du nucléaire en développant au maximum les énergies durables et diminuer le CO2 en menant une politique d’efficacité énergétique. C’est un pari réussi en Autriche, au Québec, en Italie et en marche en Belgique, Allemagne, Suisse, Suède…

Depuis plus de 10 ans, on peut faire du tourisme mémoriel guidé sur la zone d’exclusion de Tchernobyl, pourquoi ne pas y faire le prochain G7 ? Face aux marques indélébiles de la tragédie, les grandes puissances réaliseraient peut-être que la survie de la planète tient à quelques atomes avec lesquels il faut arrêter de jouer !

L’invitée du dimanche