Luttes des classes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 15 janvier 2024 11:18
- Écrit par Claude Séné
Renaud, du temps où il était chanteur, disait qu’il était une « bande de jeunes à lui tout seul ». Moi j’ai découvert récemment que j’étais une classe moyenne, puisque mon revenu se situe exactement à la hauteur qui partage en deux parties égales la population française, ce que l’on appelle statistiquement le revenu médian, 50 % sont en dessous, et 50 % au-dessus. Certains sont même très au-dessus, mais ce n’est pas mon propos aujourd’hui. Ce qui me frappe c’est que le gouvernement tout neuf semble poursuivre l’antienne du précédent et s’apitoyer sur le sort des classes moyennes, plus que sur celui des pauvres.
Une étude a fait apparaître que les plus aisés dans cette catégorie moyenne votaient majoritairement Emmanuel Macron, tandis que les moins riches se tournaient surtout vers Marine Le Pen. Ceci explique peut-être cela. Alors simple ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal évoquait déjà en août dernier les malheureux qui ne peuvent compter ni sur un gros patrimoine ni sur la solidarité nationale pour s’en sortir. Comme si c’était comparable de faire fortune en dormant grâce aux revenus du capital, souvent hérité, ou survivre de l’assistanat, faute de travail rémunérateur. Gabriel Attal plaignait alors, non le sort des plus démunis, mais celui de ceux qui, selon lui, payaient deux fois pour l’école : une fois pour financer l’école publique avec leurs impôts, et une deuxième fois pour payer une école privée à leurs enfants. On comprend mieux pourquoi sa remplaçante n’a pas perçu la provocation qu’elle exerçait en mettant ses propres enfants dans le privé et en expliquant innocemment que le public ne remplissait pas ses obligations. La faute à qui ?
La notion de classes sociales, et la lutte qui les oppose, est à mettre au crédit, comme chacun sait, de Karl Marx. Depuis, elle a été mise à toutes les sauces, et la défense passive-agressive de Rachida Dati aux critiques qui ont suivi sa nomination au poste de ministre de la Culture en est un témoignage. Selon elle, ses adversaires feraient preuve d’un mépris de classe en lui déniant la capacité à s’y connaître en culture parce qu’elle est issue d’un milieu populaire. Un procédé de victimisation qui lui a servi tout au long de sa carrière, mais qui ne peut plus être invoqué, après un parcours où elle a eu accès aux plus hautes fonctions de l’état. Elle sera jugée sur pièces, ce qui est normal, dans un poste difficile, avec des moyens souvent insuffisants. Emmanuel Macron a accueilli ses nouveaux ministres en leur demandant d’agir, non pas en gestionnaires de leur fonction, mais en révolutionnaires. Chiche ! J’ai un peu de mal à croire que les personnes émanant des classes sociales les plus aisées de la population, soit par leur naissance, soit par leur parcours personnel, sont les mieux placées pour mettre fin aux privilèges des plus nantis.