Réarmement
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 16 janvier 2024 10:39
- Écrit par Claude Séné
Mais où vont-ils chercher tout ça ? Lors de ses vœux pour 2024, le président de la République n’avait que ce mot à la bouche. Il l’a employé 7 fois, et d’une façon qui m’a semblée pour le moins incongrue. Pour moi, la notion de réarmement suppose au préalable un désarmement, comme, par exemple au moment où l’Allemagne nazie était contrainte à la capitulation, ainsi que le Japon, ce qui conduisait inévitablement à un abandon des armes qui avaient prévalu jusque-là. La guerre froide ayant rapidement succédé à cet effroyable carnage planétaire, la grande question soulevée par ce nouvel ordre mondial a consisté à chercher des moyens de limiter les stocks d’armes.
C’est ainsi que les grandes puissances, notamment les États-Unis et l’URSS, ont réussi, non sans mal, à passer des accords de destruction ou de non-remplacement des missiles à longue portée susceptibles de transporter des armes nucléaires. Certains pays, comme la France, se sont dotés d’un arsenal restreint, au nom d’un principe de dissuasion qui protégerait ceux qui en disposent, en espérant ne jamais en avoir besoin. Puis il y a eu le traité de non-prolifération par lequel les pays signataires se sont engagés à ne pas se doter de l’arme nucléaire, pour essayer d’éviter que le club très fermé des puissances nucléaires ne s’agrandisse à l’infini. Un objectif partiellement atteint seulement, car certains pays ne jouent pas le jeu.
Moyennant quoi, les conflits n’ont pas vraiment cessé, mais ils sont restés cantonnés à un échelon régional, et non plus mondial. La plupart ont concerné tout d’abord les processus de décolonisation, dans lesquels la France a pris plus que sa part, et les séquelles des partitions consécutives aux guerres précédentes. Nous en voyons encore les conséquences aujourd’hui avec les deux principaux foyers de guerre ouverte que sont l’Ukraine et la Palestine. En Ukraine, en face d’une volonté hégémonique de conquête territoriale d’un Wladimir Poutine, qui rêve ouvertement d’une grande Russie, seule la force peut le contraindre à renoncer à ses visées, et le bon sens commande de tout faire pour aider l’Ukraine à résister et à faire reculer l’adversaire, qui ne s’arrêtera pas de lui-même. Dans ce cas précis, le mot réarmement a un sens, et les pacifistes les plus résolus doivent se résoudre à l’utiliser. Je ne crois pourtant pas que la situation sociale en France, bien que préoccupante, soit comparable aux souffrances endurées dans les zones de guerre proprement dite. En utilisant cette rhétorique soufflée par les communicants, le seul résultat attendu ne peut être qu’une dramatisation au profit d’un pouvoir qui ne semble pas ou plus savoir quel est le cap, et sur qui il peut encore compter. Vous savez quoi ? Ces gens sont désarmants !