Peur sur la ville
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 17 janvier 2024 10:20
- Écrit par Claude Séné
La situation dans les « quartiers », dont on n’a même plus besoin de préciser « difficiles » pour que chacun comprenne, ne cesse de se dégrader à bas bruit, comme on le dit pudiquement. À Valence, dans la Drôme, elle a atteint des sommets récemment avec un « sondage » artisanal sur les réseaux sociaux, demandant aux personnes intéressées de se prononcer sur le kidnapping éventuel des « gamines » de la ZUP, comprenez le quartier dit du Plan, où vivent 6000 habitants, et où la sécurité n’est pas assurée depuis de longues années ne cessant de s’empirer.
Ce ne sont pas des menaces en l’air. Les vidéos de violences entre bandes rivales sont légion, et la délinquance liée à la drogue ou le trafic d’armes ne cesse d’augmenter. Rendues publiques volontairement, malgré le risque d’être identifié, dans le but d’impressionner leurs adversaires, elles montrent des tabassages en règle. Un pic a été atteint en mai 2023 avec des attaques avec armes à feu ayant fait 4 morts, forçant les autorités à intervenir en septembre puis en décembre. Des descentes de police appuyées par des forces de l’ordre nationales, qui ont eu une certaine efficacité, mais qui n’ont pas résolu le problème, faute de pouvoir maintenir les effectifs en place. Les parents d’élèves des écoles du quartier prennent les menaces très au sérieux et refusent de scolariser leurs enfants jusqu’à un déploiement de forces de sécurité conséquentes, tout en étant conscients qu’il est impossible de mettre un policier derrière chaque enfant.
Un espoir cependant. Valence est une des trois villes qui vont bénéficier de façon expérimentale d’un dispositif dénommé force d’action républicaine, FAR, chargé de consulter la population et de mettre en place un plan d’action pour rétablir la sécurité. Le processus est en cours, mais toujours dans une phase diagnostique de 6 semaines, avant d’envisager une action sur le terrain. Je suis quelque peu dubitatif, pour ne pas dire pessimiste, devant l’ampleur du chantier à mettre en œuvre et la détestable habitude du pouvoir de multiplier les consultations et ne pas en tirer les conclusions nécessaires en termes de budget et de formation de personnel dédié. Entre nous, le diagnostic, nous le connaissons déjà. Les demandes de la population aussi. Jusqu’au modèle de solutions possibles, avec la police de proximité dissoute par Nicolas Sarkozy, qui avait quand même quelques résultats, qui pourrait être adapté pour coller à la situation actuelle. Comme trop souvent, c’est la volonté politique qui fait le plus défaut, et le fond, dont on s’approche dangereusement, qui manque le moins.
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