Gardiens de la paix
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 18 septembre 2021 11:08
- Écrit par Claude Séné
C’est la belle mission confiée aux policiers, mais souvent très difficile à exercer. Un incident qui aurait pu et dû rester bénin a opposé hier à Lille des policiers municipaux à une mère de famille et sa fille qui circulaient en vélo. La foule a pris fait et cause pour elles quand les policiers ont tenté de les interpeler. Et c’est à peu près tout en ce qui concerne les faits établis, car les versions divergent totalement sur les circonstances de ce fait divers.
Selon les policiers, la maman roulait sur le trottoir et sans casque, tout comme sa fille, âgée de 5 à 6 ans. Elle aurait percuté un policier municipal. Les trois agents en patrouille, après un rappel à la loi, auraient tenté de la verbaliser, puis de l’interpeler. La situation aurait alors dégénéré. La petite fille, terrorisée, hurlait et les badauds conspuaient les policiers et les renforts appelés à la rescousse. Il faudra évacuer la mère et sa fille dans un véhicule de pompiers pour rétablir le calme. La seule vidéo disponible ne permet pas de se faire une opinion, car on ne voit pas le début de l’altercation. En plus de quoi des rumeurs ont circulé, selon lesquelles ce serait la petite fille, parfois confondue avec un petit garçon, qui aurait frôlé ou touché le policier, lequel l’aurait repoussée « par réflexe »… bref, il faudra mener l’enquête et l’on peut s’attendre à des témoignages contradictoires.
Ce qui est frappant, c’est la réaction de la foule qui a spontanément soutenu la mère de famille, accréditant l’idée que la police dépassait ses attributions et déployait une force disproportionnée, créant plus l’incident que ne le réglant. C’est la maire de la ville, Martine Aubry, au moment de la campagne pour sa réélection en 2020, qui définissait ainsi le rôle des policiers municipaux, qu’elle ne souhaitait pas armer : « sa mission, c’est la tranquillité, c’est de dissuader, c’est d’accompagner… notamment les victimes ». Malheureusement, dans l’esprit du public, c’est souvent l’image des « cow-boys » des brigades anti criminalité qui s’impose et la suspicion de violences ou de bavures policières. Comment ne pas être méfiant quand le premier réflexe corporatiste des policiers, il est vrai mis à toutes les sauces depuis très longtemps, est de nier toute erreur et de défendre a priori leurs collègues en toutes circonstances ? Toutes les institutions procèdent ainsi, comme le démontre la récente reconnaissance d’une bavure tragique quand l’armée américaine a frappé par erreur à Kaboul un véhicule soupçonné de transporter des djihadistes, faisant dix morts de civils dont 7 enfants. Concernant les polices, nationales ou municipales, le maître-mot reste plus que jamais la formation. Un gardien de la paix devrait pouvoir garder son calme en toutes circonstances et éviter d’amplifier des situations qui pourraient se régler simplement.