On ne prête qu’aux riches

Nicolas Sarkozy va pouvoir ajouter une ligne à la déjà longue liste de ses démêlés judiciaires, si l’affaire va jusqu’au bout, puisque le quotidien « Le Monde » révèle que l’ancien président serait intervenu auprès du Sénat belge pour favoriser son indulgence envers des hommes d’affaires kazakhs en échange d’un juteux contrat de vente d’hélicoptères.

 

Précautions d’usage : l’enquête devra prouver les faits et démontrer l’implication personnelle de Sarkozy dans cette histoire pour mettre fin à la présomption d’innocence dont il doit bénéficier en attendant. Jusqu’à preuve du contraire, les comportements d’influence en question n’auraient pas donné lieu à contrepartie financière, autrement dit, il n’y aurait pas eu de corruption et le bénéficiaire en aurait été l’état français et non son président à titre personnel. Si elle est avérée, cette affaire démontrerait surtout la propension irrésistible de l’ancien président à passer par des arcanes secrets pour régler les problèmes.

Il n’empêche. Cela commence à faire beaucoup. On a le choix entre suivre la thèse des inconditionnels de Sarkozy qui hurlent au complot médiatico-politico-judiciaire et qui prétendent que plus on l’attaque, plus cela prouve qu’il est innocent, et l’opinion commune qui veut qu’il n’y ait pas de fumée sans feu. L’un comme l’autre me paraît également simpliste. Contrairement à ce qu’il affirme, Nicolas Sarkozy n’a pas été soumis à un régime plus sévère que n’importe quel citoyen français. Il a été amené à devoir s’expliquer sur différentes affaires où son nom a été cité, et les procédures suivent leur cours. Il a eu accès aux dossiers le concernant et dispose d’une notoriété lui permettant de plaider sa cause devant l’opinion. Il affirme d’ailleurs ne pas être à plaindre tout en laissant entendre qu’il est victime d’un acharnement judiciaire et médiatique téléguidé par ses adversaires.

Malgré toute son habileté, ou peut-être à cause d’elle, il ne réussit à convaincre que ses partisans et peine à retrouver l’image qui lui avait permis d’être élu en 2007. Qui lui rendra l’honneur perdu ? s’interroge-t-il dans un accès de lucidité. Probablement personne, mais il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.