Fermez la République !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 5 septembre 2014 12:26
- Écrit par Claude Séné
Voilà le nouveau slogan que pourrait adopter le président fondateur du mouvement « Debout la République », Nicolas Dupont-Aignan, que l'on a connu plus inspiré. Il partage avec une poignée de maires irréductibles le privilège de démontrer un jusqu'au boutisme des plus mal venus en cadenassant les portes des écoles de la ville de Yerres dont il est le maire, pour empêcher les écoliers de rentrer suivre leurs classes du mercredi matin.
Depuis le temps que la réforme des rythmes scolaires a été annoncée, il aurait largement pu déposer un recours ou prendre toute initiative à sa convenance pour manifester son opposition à cette mesure, plutôt que d'instrumentaliser les enfants et leurs parents qui ne sont pour rien dans cette affaire.
Du moins aura-t-il été plus franc et plus honnête que le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, qui se réfugie derrière la difficulté à recruter des animateurs pour encadrer les activités périscolaires pour masquer son opposition à la mesure, au motif qu'elle émane d'une majorité qu'il combat.
On peut contester la validité de cette réforme, bien qu'elle soit appuyée par la plupart des spécialistes en chronobiologie, mais elle a été largement débattue par la représentation nationale, dûment votée, et mise en application sur une période transitoire de deux ans, suffisamment longue pour permettre aux communes de s'organiser. Des aides ont été prévues pour celles qui auraient des difficultés financières, bref, on peut dire que l'état « a fait le job ». il aurait seulement pu et même dû faire appliquer la règle dans tous les établissements, y compris privés, quand ils perçoivent des fonds de l'état.
Nous aurions pu nous épargner une bonne part de ce psychodrame si la droite n'avait pas cru bon de rétrécir la semaine scolaire en 2008, en supprimant le samedi matin, pour des motifs plus électoralistes et démagogiques que véritablement pédagogiques. On a accrédité l'idée que l'intérêt des adultes passait avant celui des enfants, et cette logique reste largement privilégiée dans l'organisation du temps scolaire. Depuis le temps que la question du calendrier annuel est posée, ce sont toujours les impératifs touristiques et économiques qui prévalent : un congé estival trop long, des zones de vacances rendant impossible une répartition convenable des temps de travail, etc. Il y a pourtant eu une parenthèse enchantée où le calendrier alternait régulièrement périodes de travail de 6 semaines et congés scolaires de 2 semaines, mais les lobbies ont rapidement eu sa peau. Les événements de cette rentrée ne laissent pas présager une évolution positive vers plus de rationalité, ce dont l'école aurait pourtant grand besoin.