Il n'y a pas de quoi

Je ne l'ai pas lu, je ne l'ai pas vu, et je n'ai pas l'intention de l'acheter, mais j'en ai entendu causer. Difficile d’ailleurs de passer à côté de l'ouvrage qui va éclipser les 607 livres publiés à l'occasion de la « rentrée littéraire » et qui a paru à son auteur mériter de sacrifier quelques arbres de plus.

Ce livre, c'est celui de Valérie Trierweiler, qui nous raconte, toutes affaires cessantes, ses états d'âme pendant la période où elle s'est trouvée à l’Élysée aux côtés de François Hollande, bien encombrée d'un statut de première dame dont elle ne savait apparemment que faire.

Que les services secrets se rassurent, il n'y aurait aucune révélation fracassante sur d'éventuels secrets d'état, ni même de considérations de politique intérieure, mais un long plaidoyer pro domo et une charge en règle contre le président de la part d'une femme jalouse et blessée dans son amour propre. L'ouvrage porte un titre énigmatique : « Merci pour le moment » dont on se demande comment il faut l'interpréter. Faut-il le rapprocher du « pour le moment, ça va » du malheureux qui tombe du 25e étage ? Ou bien faut-il comprendre un remerciement ironique à une question sous-entendue du style : « alors, heureuse ? »

Dans un cas comme dans l'autre, l'intérêt paraît bien mince et risque de se rapprocher de celui du livre que Cécilia Attias a publié, livre dans lequel on n'apprenait strictement rien qu'on ne sache déjà sur Nicolas Sarkozy, mais qui s'est quand même vendu à 55 000 exemplaires. Car le voilà, l'intérêt ! Il est financier. Cette fois la maison d'édition vise les 200 000 exemplaires dans le premier tirage. Le Figaro a fait une estimation des revenus que pourrait rapporter le livre à son auteur si tout se vend: plus de 600 000 euros, de quoi s'acheter quelques sparadraps pour panser les bleus à l'âme fragile de Valérie Trierweiler.

Je ne sais pas à qui s'adresse le merci du titre de l'ouvrage, mais je crois que la journaliste compte bien se payer directement sur la bête. Si c'est à son lectorat que s'adresse ce merci, il n'y a vraiment pas de quoi.