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Canards boiteux
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 7 décembre 2020 10:52
- Écrit par Claude Séné
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« J’ai confiance en la justice de mon pays ». Enfin, en général, et même dans certains cas particuliers. Par exemple, quand, au procès Daval, ni les parties civiles, ni le procureur, ni l’accusé ne font appel de la condamnation par un jury populaire assisté de 3 magistrats, j’ai tendance à penser que la sanction est proportionnée, si tant est que cela soit possible, à la gravité des faits. De la même façon, et quoi qu’on puisse en penser par ailleurs, la peine prononcée contre le chirurgien reconnu coupable de viols et de crimes à caractère pédophile, semble acceptée de tous.
Mais la justice peut se révéler également bien injuste et le bandeau qui recouvre ses yeux, supposé représenter son impartialité, cache bien mal un aveuglement et un manque d’humanité pour prendre en compte les particularités de chaque individu. J’en veux pour preuve cette histoire invraisemblable liée à la pandémie et aux fameuses attestations de déplacement dérogatoire, qu’il faut obligatoirement remplir, et encore en ce moment, pour sortir de chez soi. Soit dit en passant, la législation en question est tellement claire qu’il faut, tous les jours en période de confinement, que des journalistes interrogent « les autorités compétentes » pour savoir quelles cases remplir et dans quels cas, pour en informer le public, avec parfois des réponses contradictoires.
Pour cette personne de 73 ans de la Haute-Saône, pas de difficultés apparentes. Elle voulait faire ses courses dans la grande surface située à 800 mètres de son domicile. Déplacement dûment autorisé en cochant la case numéro 2, et en datant et en signant la fameuse feuille. Patatras ! la septuagénaire s’est trompée de date, en indiquant celle de la veille. Les policiers municipaux se montrent inflexibles et ne remarquent pas les propos incohérents de la verbalisée. C’est sa fille qui effectue les démarches en son nom, car sa mère est soignée depuis 5 ans pour la maladie d’Alzheimer. Le maire, alerté, donne instruction à sa police de ne plus verbaliser cette dame en raison de son état de santé, ce qui est également valable pour un non-voyant par exemple. Mais la loi est la loi, même quand elle est appliquée stupidement et l’affaire qui remonte au mois d’avril, passe en jugement à Vesoul vendredi dernier. Et le juge condamne la contrevenante à payer l’amende majorée, bien que le procureur lui-même ait appelé à la clémence. On comprend pourquoi la justice est souvent considérée comme le domaine de l’arbitraire, alors qu’elle est supposée arbitrer les conflits entre particuliers, ou entre la société et les individus, et c’est pourquoi je préfère, et de loin, ne pas avoir à faire avec elle, ni avec son bras armé, dont l’impartialité est gravement remise en cause ces derniers temps.